Tout est possible

Pour qui l’on se prend ?

Le 7 mars prochain, nous sommes emmenés à voter sur l’interdiction du port de de la burqa ou encore la niqab. Cette nouvelle aberration m’amène à réagir. Est-ce à nous d’en juger ?

Au premier abord, je comprends les différentes opinions. Certains diront qu’elles sont « chez nous », en Suisse, et qu’elle se doivent de s’adapter à notre culture afin d’être intégrée. Certes, les éléments à l’encontre du voile intégral sont souvent motivées par la peur de l’inconnu. Islamophobe ? Discrimination ? Une distinction est à faire avec les criminels. Pourquoi pouvons-nous alors éprouver tant d’appréhensions à leur égard ?

Parallèles

D’une certaine manière, cette votation rejoint celle de la loi ayant permis de rétablir les droits politiques pour les personnes en situation de handicap et âgées étant sous une mesure de curatelle. Dans les deux cas, il va de soi qu’interdire les « droits » concernés, dans un cas comme dans l’autre, serait plus simple. On ne se posera plus la question quand il faudrait l’autoriser ou non. De plus, on refuse souvent de s’intéresser à la cause et notre jugement qui est donc purement subjectif.

Interdire ce vêtement revient-il à refuser les personnes concernées par cette loi à vivre dans notre pays ? A y entrer ? A rejeter une part de l’humanité ? Que se passera-t-il ? C’est comme complotiser les personnes « handicapées » et interdire leur présence dans notre pays. Imaginez !

Définir la société

On peut revendiquer la richesse culturelle apportée à notre pays, marqué par sa diversité. Doit-on accepter toutes les personnes dans le respect de son origine et de sa religion ? Cela semble évident. Pourquoi ne visons-nous pas l’intégration de toutes les personnes confondues dans notre pays afin de garantir le bien-être et la non-concurrence au sein de la communauté ? Cette votation n’a-t-elle pas pour effet de diviser la Cité ? Jusqu’où est-ce que ça peut aller ? Demandons-nous ce qu’on veut vraiment. Définissions notre avenir commun. Que pensez-vous de la liberté au sens propre (sans violence, évidemment) ?

Question de dignité

Est-ce que, à leur tour, les pays concernées par cette loi nous obligent, femmes, à ce que notre visage soit complètement couvert ? Si la réponse est non, demandez-vous s’il est juste d’imposer cette contrainte. Si oui, voulons-nous, à notre tour, prescrire une telle restriction ? La liberté de ses choix dans notre société n’est-elle pas recommandée ? Pourquoi cette rigidité ? Est-ce fondé sur des opinions individuelles basées sur la peur ? Une clarification est exigée : sous ce voile se trouve une personne à part entière.

Faut-il réglementer cette situation ? Ces femmes ne vont pas vous faire de mal. Bien que j’entende les arguments prônant l’interdiction, il faut agir là où se trouve le problème, selon moi.

Est-ce pour autant une mesure d’aide pour celles qui en sont obligées de porter la burqa ? Nous ne sommes pas au bon endroit ; combattons plutôt ce type de violence qui est d’ailleurs punie par la loi. Mais il est nécessaire de préciser que ce n’est pas le cas de tout le monde. Accepter celle-ci n’est pas « faire une bonne action ».

En plus d’être quelques peu raciste, cette loi est-elle vraiment utile ? Au Tessin, cette interdiction fait foi depuis plusieurs années. Pour quel bénéfice ? Selon l’article du Temps du 17 juin, cela n’a mené qu’à plusieurs représailles.

On peut même aller plus loin. Y aura-t-il des impacts sur le tourisme ? La Suisse se veut-elle moins accueillante et plus restrictive ?

L’accepter

Est-ce que ça va vraiment changer quelque chose à votre quotidien ? Est-on tant gêné ? L’idée en elle-même ne vous dérange-t-elle pas plus que la fréquence de vos rencontres avec ces personnes (sachant qu’il n’y a que quelques dizaines de personnes concernées en Suisse) ? Finalement, peut-on juger d’un sujet qui ne nous concerne pas directement ? Par quel droit ? N’est-ce pas plus simple de laisser chaque personne croire aux valeurs qui lui sont propre ? Question éthique, surtout.

Contreprojet

Il vise, indirectement, à devoir se comporter selon les souhaits de l’initiative quand il s’agit d’identifier l’identité de chacun pour des raisons de sécurité, notamment : cela semble un compromis entre le oui et le non, entre le tout ou rien, entre l’interdiction et l’autorisation partout, tout le temps. Si les personnes portant un cagoule doivent se dévêtir aux contrôles, par exemple, pourquoi ces femmes ne le devraient-elles pas ?

Photo: Sylvie Roche

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