Depuis aujourd’hui, je fonctionne exclusivement en télétravail, comme beaucoup d’entre vous. Mais comment fait un médecin pour consulter en dehors de ses locaux et à distance des personnes qui viennent chercher conseil? COVID-19 nous impose beaucoup de restrictions, mais nous force tous aussi à faire preuve de capacité d’adaptation et de créativité. Ou peut-être simplement de reconsidérer certaines idées.
Le travail dans la médecine et les soins en général est fait de contacts, de proximité et de confiance. Vous vous rendez chez votre médecin ou votre thérapeute car une partie de votre corps souffre sous une forme ou ou une autre, et vous allez chercher une explication, un diagnostic, puis une aide thérapeutique. Le médecin apprend au cours de sa formation à connaître un langage compliqué, des diagnostics rares, des médicaments qu’il n’utilisera jamais, des noms de syndromes qu’il ne rencontrera pas… Il apprend aussi l’anatomie, essentielle, et la physiologie du corps humain sain ou malade. Une part croissante de la formation est dévolue aux technique d’examen clinique des patients, et finalement à l’écoute. Depuis 20 ans que j’exerce la médecine, avec une activité qui s’est orientée sur la médecine de l’exercice et du sport, j’ai réalisé combien la compréhension de la fonction du corps était primordiale pour pouvoir appréhender ses diverses perturbations, qu’elles soient douloureuses ou qu’elles en limitent plus simplement la performance. Cette compréhension passe avant tout par l’écoute, laquelle demande de prendre le temps et de laisser les personnes s’exprimer, tout en guidant un peu par nos questions.
La consultation à distance (téléconsultation)
On la considère souvent comme une sous-médecine, faite d’algorithmes décisionnels simplifiant le contact humain à des décisions binaires. Le corps médical la refoule volontiers, tant elle semble l’apanage des compagnie d’assurances qui cherchent à court-circuiter le médecin. L’art de la médecine est plus noble, entend-on ici ou là.
Il est évident que le contact humain reste fondamental, que l’examen clinique apporte des informations nécessaires à nombre de prises en charge, et que la réalisation d’examens complémentaires est parfois primordiale. Toutefois, dans la grande majorité des contextes non immédiatement urgents, la qualité (perçue et effective) de la consultation sera directement en lien avec la qualité de l’écoute proposée.
Cette dernière permettra de cerner au mieux les besoins ou non d’examens. Elle permettra aussi de rassurer, de mettre en route des premiers conseils de soins et de parler de prévention. La téléconsultation intègre ces premières étapes et parfois même plus. Elle permet peut-être même de ralentir le discours, laissant plus de place au dialogue et moins aux gestes techniques. Pourrait-elle être plus humaine, quand bien même technologiquement plus froide?
Concrètement, comment ça marche?
Le téléconférence n’est clairement pas innovante en soi, et vous l’avez tous utilisée ici ou là depuis des années. Skype, Whatsapp, Messenger, Facetime sont autant de noms qui vous sont familiers. Chacun de ces moyens de communication permet de mettre des personnes en relation audio et vidéo, voire même de partager en même temps des documents ou des images. Là où ces médias sociaux sont limités, c’est dans leur garantie de protection des données.
Il existe d’autres plateformes, développées pour les besoins plus spécifiques du monde de la santé, qui respectent le règlement général sur la protection des données (RGPD) et pour ma part j’utilise un système nommé Physitrack. Lors de votre prise de rendez-vous, mon assistante (merci Noémie!) crée un compte patient simple, vous recevez ensuite un email de connexion juste avant la consultation. La plateforme est rapidement installée la première fois (page internet, application smartphone ou tablette), et je me retrouve en ligne avec vous. Je vous écoute. De là, je peux partager avec vous des programmes d’exercices ou des documents explicatifs, et ensemble nous pouvons planifier la suite de la prise en charge.
COVID-19 nous force à agir et à réfléchir
Que l’on se comprenne bien. Je préfère pouvoir vous recevoir au cabinet, et permettre ce contact humain qui caractérise le soin. Je préfère avoir toutes les ressources et les outils d’évaluation à votre disposition comme au quotidien habituel. Mais il est des circonstances qui demandent de faire autrement. Et autrement ne veut pas dire moins bien. L’épidémie du coronavirus, et son cortège de décisions gouvernementales nécessaires pour préserver au mieux la santé de la population et de l’Etat, nous demande d’agir et pas de subir. La médecine non-urgente doit être en mesure de s’adapter et rester accessible pour vous. Une plateforme est présente depuis quelque temps en Suisse Romande, Soignez-moi.ch et nulle doute qu’elle verra son activité augmenter, et vos expériences guideront le futur. La téléconsultation est une ressource qui va bénéficier de cette situation, et les médecins apprendront aussi à soigner autrement, comme aime à le rappeler le Dr Jean Gabriel Jeannot dans son blog (Le Temps également).
Keep calm and Stay home – Restez chez vous
En tant que médecin, tant que je ne suis pas appelé au front pour soutenir les équipes d’urgences en période d’épidémie (ce qui pourra arriver prochainement), je me dois de rester à l’écart des contacts physiques, comme vous tous. Mais si vous cherchez à me joindre pour une consultation, je suis à votre disposition tous les jours.
Je vous écoute.