L'Empire des signes

Moi, les juifs je les déteste

Titre étonnant non? Choquant, n’est-ce pas? C’est tout-à-fait normal. Lorsqu’on affirme détester une catégorie de la population, mais toutefois “sans appeler au meurtre”, cela sent plutôt mauvais. Qui voudrait lire un livre avec ce genre de phrase: “Et si la colère envers les [juifs, femmes, obèses, vieux] était en fait un chemin joyeux et émancipateur lorsqu’elle peut s’exprimer?” ou encore “Moi, les [juifs, femmes, obèses, vieux] je les déteste”. En effet, pourquoi pas faire de la colère et de la détestation d’autrui une randonnée joyeuses vers des jours meilleurs? Exprimer sa colère contre un groupe une une forme de spiritualité libératrice?

La RTS semble adhérer à ce projet, il suffit juste de mettre le bon mot dans ce texte à trou haineux. Pauline Harmange s’en est chargé. Apparemment, “hommes” (en tant que genre) fait tout-à-fait l’affaire et il y a si peu à redire que tout tentative de censure est automatiquement considérée comme un acte isolé d’un vilain fonctionnaire qui veut supprimer la culture. Quant à cette jeune auteur “qui aime les chats et son mari”,  va forcément être “planétaire” tant sa cause est juste…

Si l’on est dans l’air du temps, il n’y a aucun problème à détester profondément une partie de la population. Cela est même beau et bon. Les journaux peuvent ainsi faire leur ode, tout est pour le mieux. On ne se demande à aucun moment si le fonctionnaire en question avait raison: on se contente de le dénigrer, lui qui “ne lit que le titre et la quatrième de couverture”, ah le vilain paresseux! Mais, il n’y a qu’à mettre “femme” ou “juif” à la place d’homme pour comprendre combien tout cela est odieux et absolument injustifiable.

Le vrai problème est le relais journalistique. Qu’une jeune fille déteste les hommes, je peux le comprendre. Qu’un noir déteste les blancs, un chrétien les musulmans, aussi. Je le comprend tout en condamnant, bien sûr. Mais qu’on justifie ces sentiments destructeurs par voie journalistique est impardonnable. Que l’idéologie se répande ainsi l’air de rien a de quoi donner la nausée. La RTS est un anti-journal, si elle ne donne pas comme d’ordinaire dans le sans-fond, elle donne dans le préjugé, le premier qui vient et le plus dangereux, sans le moindre recul.

 

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