L'Empire des signes

Philippe Nantermod, politicien et sophiste.

Nantermod Philippe

Comment ne rien dire dans un article, mais pourtant écrire quelque chose? Demandez à Philippe Nantermod. Son dernier billet, court et précipité, est un bon exemple d’une “pensée” qui parvient à écrire sans l’embarras d’une idée.

Le premier tiers est une note historique semi-comique inutile, laissons. Dans le deuxième, il prétend qu’il existe des gens qui se réjouissent de voir mourir d’autres humains au nom d’une ancienne divinité grecque (candidement, il met même un hyperlien vers Encyclopédie Universalis à propos de Gaïa). Malheureusement, il n’a pas l’air de comprendre qu’il s’agit d’une simple personnification, c’est-à-dire une figure de style, un raccourci langagier (ou bien il fait exprès, et alors c’est un sophiste).

Il poursuit avec le champ lexical habituel du mépris en parlant de manière nuancée de “délire animiste new-age” de misanthropes “extrémistes” et “détestables”. Il est alors évident qu’il s’attaque – ce qui est commun autant que commode – à des gens qui n’existent tout simplement pas (même l’écolo le plus acharné n’a aucun plaisir à voir mourir quelqu’un aux urgences, à le voir agoniser près de sa famille, ni ne jouit en pensant aux “vies emportées” et aux “emplois détruits”). Ça, c’est son délire à lui, un délire aussi réel qu’irresponsable (dangereux même de la part d’un politicien). Faire passer les écologistes pour des dégénérés animistes satisfaits que les hommes meurent, c’est tout de même un peu cheap. Et accuser autrui d’être méchant ou fou est le signe même de l’incompréhension et de la mauvaise foi selon le psychologue Paul Watzlawick. Mr. Nantermod ne fait pas les choses à moitié: pour lui, les écolos sont fous et méchants. Il doit prendre les gens pour des… grands naïfs s’il croit seulement qu’ils mordront l’hameçon en s’exclamant dans leurs cœurs: “Comme ils sont détestables, ces sales écolos! Quelle ivraie qui n’aime pas l’humanité!”.

Le plus drôle, il le réserve élégamment pour la fin (je le mets en gros et en rouge):

“L’humanité a le droit, sans doute le devoir moral, de tout mettre en œuvre pour se préserver de ces fléaux [épidémies, tremblements de terre…]”.

On attend la suite. Quoi? Mettre en œuvre quoi au juste? Eh bien, il ne dit rien. Mais qui ne serait pas d’accord avec sa conclusion? Personne. Il aurait pu finir: “il faut cesser de faire le Mal, et se mettre, c’est notre devoir moral, à faire le Bien!” en rajoutant: “Cela n’est pas bien d’être fou et de se réjouir que son voisin meurt asphyxié”. Cela est désespéramment évident. Personne ne veut s’y opposer. Avec cette méthode, il peut en écrire trois par jour de ses “conférences de conciliation”. Son article au final ne fait que trahir sa haine à l’égard des écologistes. Comme disait Bachelard: on pense nommer les choses et c’est soi-même que l’on nomme.

Conclusion: Article indigne d’un politicien, captieux et sans charité, qui abuse de techniques sophistiques pour enfoncer des portes ouvertes.

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