L'Empire des signes

Federer: remarques mêlées sur un “héros”

1.Certains critiques de la culture affirment que Federer n’est pas du tout un héros: il est ce qu’il est (ou il reste ce qu’il reste) seulement par une certaine, comme ils disent, “chance corporelle” (des cartilages particulièrement résistants, un lobe moteur densément connecté, …). Cette chance est évidemment accompagné d’une chance des circonstances (les deux sont nécessaires). Ils poursuivent en affirmant qu’il n’a pas plus de vertu ou de détermination que la plupart d’entre nous: il n’est pas plus moral, fort, significatif que n’importe quelle autre personne. Tout est produit par l’illusion médiatique qui sélectionne et façonne des héros destinés à la consommation intérieur. Est un héros celui sur qui on porte l’attention (médiatique). Ce qui ouvre parallèlement une piste intéressante: fabriquer d’autres héros, plus inattendus, intéressants, prometteurs, surtout plus enthousiasmants, protreptiques. Le choix de nos héros devraient être l’objet d’une attention soutenue et circonspecte : on ne devrait pas transformer en héros un homme qui n’a comme tout regret qu’une balle de match manquée (il faudrait un Comité éthique national/cantonal des Héros).

2. “Federer reste Federer“. Voilà la justification avancée par le Temps pour justifier un couteux et polluant voyage à Dubaï afin d’entendre notre Héros un peu plus d’un quart d’heure. Et Skype? Ne s’agit-il pas “d’aider la planète”? Non. La Présence du Héros est nécessaire, on doit pouvoir contempler son Corps Glorieux (parler de fétiche, ici, est un euphémisme).

3. Plus qu’être des héros, nos sportifs sont des marques ambulantes, de perpétuels “représentants” , des mascottes jusque dans leurs os. Quel message pourraient-ils délivrer au monde qui les regarde? Ce qu’une équipe de communication a préparé pour eux en vue d’un interview, rien de plus. En quoi devrait-il avoir une “conscience”? C’est trop leur demander (leur domaine de compétence est en effet assez restreint). Après tout, il gagne leur pain (et quel pain!) en “tapant dans des balles en caoutchouc” (comme l’affirment les plus aigris des sceptiques).

Ad Nauseam – Lorsque j’entends “vas-y Roger!” un dimanche après-midi, la vue d’un revolver ne m’est pas désagréable.

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