Des changements durables

“Don’t look up”, satire mordante de notre dissonance cognitive climatique

Et si une météorite de plusieurs kilomètres de diamètre menaçait d’entrer en collision avec la Terre, détruisant toutes forme de vie sur notre planète ? Quelles seraient les réactions des gouvernements, des scientifiques, des grands groupes industriels et financiers ou encore de l’opinion publique ? C’est la question que se pose – avec beaucoup d’ironie – “Don’t look up“, film tout récemment sorti dans les salles obscures et sur la plateforme Netflix.

Pendant un peu plus de deux heures ont suit Le docteur Randall Mindy (Leonardo di Caprio ) et sa doctorante Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence), astronomes d’une université du Midwest, qui découvrent une météorite géante en passe de s’écraser sur la Planète bleue, et font des pieds et des mains pour essayer d’alerter le gouvernement, mais aussi l’opinion publique, avec un succès somme toute relatif.

Plus préoccupée par les élections de mi-mandat et par l’élection de son candidat à la Cour Suprême que par la fin du Monde, la Présidente ( qui n’est pas sans rappeler un ancien “commander in chief” au teint orangeâtre) réagit mollement et de manière plus opportuniste que mue par un quelconque sens du devoir, ou même instinct de survie. L’opinion publique se divise quant à elle très rapidement entre celles et ceux qui croient ou non à l’existence de la comète et à son potentiel destructeur, et les grands groupes industriels et financiers agissent en coulisses pour essayer de collectiviser les probables pertes tout en privatisant les profits potentiels.

Bref, vous l’aurez compris, l’allégorie avec notre manière d’appréhender le réchauffement climatique est grosse comme une météorite. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, mais ne sont pas écoutés, sauf s’ils entrent dans le jeu médiatique qui veut que l’on doive à tout prix développer un discours positif et rassurant, même s’il n’y a rien qui le soit. Les pouvoirs publics, obnubilés par les échéances électorales et le risque de les perdre, ne veulent en aucun cas prendre des décisions qui pourraient être impopulaires ou modifier d’un iota le système économique et social actuel. Ils illustrent ainsi à merveille le changement de paradigme qui veut que gouverner ne soit malheureusement bien souvent plus prévoir, mais juste plaire.  Une partie de la population se mure quant à elle dans le scepticisme et la remise en question de cette nouvelle qui ne lui plait pas, et rejette l’idée d’une menace qui n’est pas (encore) visible et tangible. Je ne peux m’empêcher à cet égard de partager ce dessin du talentueux dessinateur de presse américain Adam Zyglis , qui illustre à merveille ces propos :

Mais la critique la plus intéressante est peut-être celle formulée au “scientisme béat”, qui voudrait que tout problème puisse être résolu par le progrès technologique, et que notre salut en matière de lutte contre les changements climatiques viendra de la science plutôt que de changements majeurs dans notre manière de produire et de consommer. Dans le film, elle est symbolisée par le PDG d’un grand groupe actif dans les nouvelles technologies, qui voit dans cette météorite une source alléchante de métaux et terres rares, et promet avec le langage et l’assurance d’un gourou des lendemains qui chantent à l’Humanité avec ses solutions technologiques qui – spoiler alert – finissent par se montrer moins efficaces qu’escompté.

Bref, il s’agit en résumé d’un film fort plaisant, avec un joli casting d’actrices et d’acteurs, et qui dépeint avec humour et un brin de cynisme notre manière d’avancer en sifflotant vers une catastrophe annoncée. Je ne peux que vous le conseiller !

 

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