Des changements durables

Accord de libre-échange avec l’Indonésie : un tigre de papier ?

La campagne pour les votations du 7 mars prochain est définitivement lancée, et opposants comme partisans de l’accord de libre-échange avec l’Indonésie ont présenté leurs arguments et visuels de campagne aux médias en ce début d’année. L’affiche du camp du OUI interpelle particulièrement : on y voit un ours, qui doit prétendument représenter la Suisse, enlacer fraternellement un tigre, symbolisant quant à lui l’Indonésie.

 

 

Passons outre le fait que l’anatomie de l’ours en question est pour le moins étrange, et qu’il semble avoir un cou de la longueur de celui d’un girafon. Laissons par ailleurs de côté le choix discutable de ce plantigrade comme symbole de notre pays, alors qu’il a disparu de nos montagnes et forêts depuis plus d’un siècle ( même si il tente un timide retour depuis quelques années). Concentrons-nous plutôt sur le majestueux félin…

L’Indonésie comptait jusqu’au début du XXème siècle trois espèces endémiques de tigres : Le tigre de Sumatra, celui de Java et celui de Bali. Les deux dernières se sont éteintes au cours du siècle passé, victimes de la chasse et de la destruction de leur habitat pour laisser place aux monocultures. La première, probablement symbolisée dans cette étrange affiche devant nous convaincre de voter OUI le 7 mars, est en danger critique d’extinction, et voit ses effectifs diminuer malgré les efforts consentis pour sa conservation. Il n’en resterait aujourd’hui qu’environ 500, répartis dans des populations toujours plus fragmentées et mises en péril par la poursuite de la destruction de leur habitat.

Qu’il soit donc permis de douter que ces tigres enlaceraient de joie des ours s’ils apprenaient la signature d’un accord de libre-échange qui va faciliter l’exportation d’huile de palme en Suisse, et donc aggraver la déforestation en Indonésie. Cet accord est extrêmement problématique du point de vue de la protection de l’environnement, mais aussi des petits agriculteurs suisses comme indonésiens, et en faire la promotion via deux animaux fortement menacés au milieu d’une forêt luxuriante a quelque chose de choquant et pour le moins malhonnête.

Il eut été plus réaliste de symboliser cet accord par une franche accolade entre le PDG d’une entreprise suisse fabriquant des machines-outils et un grand propriétaire foncier indonésien, avec comme fonds une vaste monoculture de palmiers à huile ou une forêt tropicale en flammes.

Bref, si on veut aider les tigres de Sumatra, mais aussi et surtout celles et ceux qui ici comme là-bas pratiquent une agriculture familiale et non industrielle, c’est un grand NON qu’il faut glisser dans l’urne le 7 mars prochain !

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