Des changements durables

Soins infirmiers : passer des applaudissements à la revalorisation

Les soirées de confinement sont rythmées dans bien des lieux par les applaudissements aux soignant-e-s, que l’on remercie pour leur inestimable travail en ces temps de pandémie.
Ces applaudissements sont bienvenus, et viennent reconnaître à leur juste valeur des professions trop peu considérées en temps normaux.

Ils ne sauraient cependant être une fin en soi, et cet élan de sympathie pour les personnes travaillant dans les soins et les sacrifices qu’elles accomplissent en cette période difficile ne doit pas éclipser les sacrifices consentis tout au long de l’année, dans des conditions de travail toujours plus difficiles.

Le cas des infirmier-e-s est ainsi particulièrement parlant. La profession souffre toujours de certains clichés et stéréotypes qui ont la vie dure, et plus généralement d’une certaine méconnaissance du grand public quant aux réelles compétences et prérogatives de celles et ceux qui l’exercent. Trop souvent vus comme ayant uniquement un rôle d’assistance et d’exécution de tâches ordonnées par un médecin, on oublie que les infirmier-e-s ont aujourd’hui en Suisse Romande une formation de niveau HES, qui leur permet de garantir une prise en charge sécuritaire et de haute qualité malgré la complexité toujours grandissante des cas traités.

Les conditions dans lesquelles est exercée la profession posent également toujours davantage problème. Alors que le vieillissement de la population ainsi que l’augmentation des maladies chroniques ne font qu’augmenter le nombre de personnes nécessitant d’être soignées, les effectifs dans de nombreuses institutions de soins n’augmentent pas en conséquence, faisant s’accroitre la charge de travail du personnel. Si on ajoute à cela les horaires irréguliers et des conditions salariales de moins en moins adéquates par rapport au niveau de formation et de responsabilités, on obtient un cocktail dangereusement explosif.

Ce n’est donc pas un hasard si selon une étude de l’observatoire suisse de la santé près de la moitié des personnes actives détenant un diplôme en soins infirmiers n’exerce plus cette profession.

Cela ne sert donc pas à grand-chose de vouloir former davantage d’infirmier-e-s si on ne crée pas des conditions cadre de travail favorables pour les personnes déjà formées, afin qu’elles puissent continuer à exercer le plus longtemps possible une profession qu’elles ont choisie.
Concrètement, cela passe par une revalorisation salariale, et une harmonisation des salaires qui souffrent d’importantes disparités d’une région à l’autre, mais aussi parfois d’un établissement à l’autre. Ainsi, dans le canton de Vaud un-e infirmier-e avec une année d’expérience gagne par exemple en moyenne 250 francs de plus par mois au CHUV que dans un hôpital régional.

Mais il s’agit aussi d’améliorer les conditions de travail, en augmentant les ratios patients/soignants afin de diminuer la charge de travail tout comme la qualité des soins, et en permettant une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, pas toujours évidente lorsqu’il s’agit de travailler de nuit ou les jours fériés. Une reconnaissance des compétences et de la nécessaire autonomie doit également être une priorité.

Cette nécessaire revalorisation de la profession infirmière est gage de soins de meilleure qualité, dans l’intérêt de l’ensemble de la population de notre pays.

Cette revalorisation, c’est ce que demande l’initiative « Pour des soins infirmiers forts », déposée fin 2017 et actuellement en cours de traitement par les Chambres fédérales. Il se peut que ce soit au peuple de s’exprimer sur cette question au final. Alors, si vous souhaitez remercier et encourager les soignant-e-s, c’est en glissant un grand OUI dans l’urne le moment venu que vous le ferez de la manière la plus efficace !

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