Des changements durables

Bon pour l’environnement, vraiment ?

Il y a quelques jours, lors d’une séance dans une administration, on m’a proposé un café. Comme il était tôt et que j’avais bien besoin d’un peu de caféine, j’ai accepté avec plaisir. On m’a donc amené le breuvage noirâtre dans un gobelet en carton, et la personne qui me l’a tendu a jugé bon de me dire  “ça va te faire plaisir, c’est une tasse écolo”.

Intrigué par ces propos, j’ai regardé de plus près le récipient, sur lequel était en effet inscrit en lettres capitales ” LOVE NATURE” avec deux feuilles en guise de “V”. Un petit texte nous apprenait quant à lui sobrement que “je participe à la protection de l’environnement en ménageant les ressources”. Cet épisode peut paraître à prime abord sans grande importance, et des dizaines de milliers de cafés plus ou moins tièdes ou sucrés sont bus chaque jour dans de tels petits gobelets. Il est pourtant révélateur d’une tendance lourde de nos sociétés, celle du “green washing” plus ou moins conscient et délibéré, et des “gestes pour l’environnement” qui n’en sont en fait pas du tout…

Il y a encore dix ans en arrière, on buvait son café presque exclusivement dans des tasses en porcelaine que l’on lavait ensuite, afin de pouvoir les réutiliser le lendemain. Les bars, kiosques, boulangeries et autres vendeurs de petits noirs de proposaient pas de cafés à l’emporter, et on ne s’en portait pas plus mal… Les milliers de cafés qui sont bus quotidiennement dans ces gobelets en carton ou en plastique symboles d’un “progrès” tout relatif génèrent des quantités importantes de déchets. On parle ainsi par exemple de 250 tasses jetables par an et par habitant du Québec, soit dix kilos de déchets.

Avec ce gobelet “écolo” et prétendument fabriqué avec un faible impact sur l’environnement, on se fiche donc de nous, en faisant passer un acte très franchement non indispensable et polluant pour quelque chose de bon pour l’environnement. Si on veut réduire son impact sur ce dernier, on n’utilise pas des gobelets jetables et on boit son café dans une tasse réutilisable, qu’on lave ( si possible en évitant de gaspiller trop d’eau chaude) et qu’on remplit à nouveau quand le manque de caféine se fait sentir.

Cet exemple certes anecdotique peut être transposé à bien d’autres réalités, et nous met en garde contre une propension bien réelle à faire de la prétendue écologie un argument de vente.

Le nécessaire changement de paradigme pour une société plus respectueuse de l’environnement passera entre autres par la modification de certaines de nos habitudes et le retour à des pratiques d’antan, plutôt que par le dessin de coeurs verts sur des aberrations environnementales…

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