Des changements durables

Amazonie : l’action plutôt que la prière !

L’un des poumons de la planète brûle, et on nous demande de prier.

L’hashtag « #prayforAmazonia » est devenu viral sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, symbolisant le sentiment de désespoir et d’impuissance de nombreuses personnes face à une catastrophe environnementale face à laquelle on a vite fait de se sentir démunis.

Lorsqu’on a recours à la prière, c’est en effet généralement que les moyens d’action concrets sont épuisés ou inexistants, et que seule une puissance supérieure nous semble pouvoir changer le cours des événements.

Sommes-nous vraiment si démunis face à cet énorme brasier qui menace la survie à long terme de la plus grande forêt pluviale du monde ?

Si une action directe pour éteindre le feu est certes difficile pour qui vit de ce côté de l’Atlantique, nous pouvons en tout cas agir très concrètement pour que les incendies d’origine criminelle et plus généralement la déforestation cessent.

Car si la forêt disparait, c’est avant tout pour laisser la place à une agriculture intensive, et plus particulièrement aux champs de soja. Le Brésil est le 2ème producteur mondial de cette céréale qui est abondamment utilisée pour nourrir le bétail. Parmi les principaux importateurs de cette denrée, la Chine, mais aussi l’Europe et la Suisse.

La plus grande partie du fourrage pour le bétail est produite chez nous localement, mais des milliers de tonnes de soja brésilien arrivent tout de même dans les mangeoires de notre bétail chaque année. Des efforts ont été faits ces dernières années pour garantir une provenance convenable (dans le sens de pas trop dommageable pour l’environnement) du soja que nous importons, mais les choses pourraient changer avec la volonté affichée par les autorités fédérales de signer aussi vite que faire se peut un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).

Pour ouvrir ces marchés émergents à nos machines-outils, nous sommes ainsi prêts à augmenter fortement nos importations de viande et de fourrage, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour notre agriculture comme pour la forêt amazonienne.

Notre principal levier d’action pour éviter que l’Amazonie ne poursuive sa funeste transformation en une gigantesque étendue agricole vouée à la stérilité est donc économique.

Il faut sortir les denrées agricoles de tout éventuel accord de libre échange, et conditionner le reste à un respect des engagements pris par le Brésil via les accords de Paris sur le climat, qui concernent aussi la déforestation. Tant l’Union Européenne que plus modestement la Suisse ont les moyens de faire entendre fermement leur voix en la matière, et ont la responsabilité morale de le faire.

Plus généralement, c’est notre rapport à la consommation de certaines denrées qui peut et doit être revue. Viande bon marché, produits à base d’huile de palme, meubles en kit ou cacao non certifié sont autant de bourreaux silencieux des forêts pluviales.

Alors plutôt que de prier, agissons concrètement en tant qu’électrices, électeurs, consommatrices, consommateurs pour  protéger l’Amazonie et les autres forêts tropicales.

 

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