Des changements durables

Il est temps de sortir de notre dépendance au plastique

Qui n’a jamais eu un léger sentiment de devoir accompli en déposant une bouteille en PET dans une poubelle prévue à cet effet ? On se dit que ce geste effectué, notre conscience environnementale est sauve, et que l’on peut continuer à consommer sans se soucier toute boisson recluse dans ce type de contenant.

Le recyclage du plastique semble en effet quelque chose de bien installé et géré dans la plupart des pays européens, et ce qui n’est pas recyclé chez nous est à priori incinéré, accomplissant ainsi une seconde mission en produisant de l’énergie.

Une plus triste réalité est cependant en train de nous rattraper aussi rapidement que sûrement. Ce printemps, la découverte d’immenses décharges à ciel ouvert dans les Pays du Sud Est asiatique, regorgeant de déchets plastiques provenant d’Europe occidentale, avait fait scandale. Plus récemment, c’est l’annonce d’une teneur en plastique dans le Lac Léman comparable à celle d’une Mer Méditerranée pourtant peu connue pour la propreté de ses eaux qui a suscité l’émoi.

Difficile de se voiler la face : nous sommes confrontés en Suisse à un problème de gestion des milliers de tonnes de plastique que nous consommons chaque année (125 kilos par habitant en moyenne). Probablement moins grave que celui auquel font face d’autres pays européens ayant découvert du jour au lendemain qu’ils n’étaient pas en mesure de recycler les montagnes de plastique qu’ils produisaient, mais problème tout de même.

Ce sont ainsi 5000 tonnes de plastique qui se retrouvent chaque année dans la nature dans notre pays, selon une récente étude de l’OFEV. La plupart des secteurs économiques sont concernés : industrie, construction, agriculture et bien entendu comportement des consommatrices et consommateurs. À y regarder de plus près, l’incinération ne saurait être une solution à long terme en cette période de réchauffement climatique où brûler du pétrole (matière première du plastique) pour se chauffer tout en émettant des particules fines relève du non-sens. Le recyclage est certes une possibilité intéressante, mais n’est réellement efficace que pour certains types de plastique bien définis, et nécessiterait des investissements colossaux pour mettre en place des filières sûres, locales et réellement respectueuses de l’environnement.

Il est donc essentiel d’agir à la base, en réduisant notre dépendance à un matériau par ailleurs fort utile s’il est employé de manière mesurée et bien réfléchie. Des solutions existent, et sont appliquées plus ou moins timidement par certaines entreprises ou collectivités publiques. On peut ainsi penser aux détaillants de grandes surfaces qui ont rendu payant les sachets plastiques, réduisant ainsi fortement leur utilisation, ou à la ville de Genève bannira dès le 1er janvier 2020 le plastique à usage unique pour les activités qu’elle autorise sur son domaine public. La vaisselle réutilisable est une alternative efficace et peu onéreuse, qu’il est temps de voir se généraliser. Le rôle principal revient cependant aux producteurs et revendeurs, eux qui imaginent les produits et leurs emballages, et peuvent décider de réduire ou supprimer le plastique qui entoure – souvent de manière disproportionnée ou carrément aberrante – une bonne partie de ce que nous achetons. Les pouvoirs publics doivent se saisir de ce dossier, en incitant par exemple l’utilisation de contenants réutilisables via la mise en place d’une consigne obligatoire.

Nous avons par ailleurs toutes et tous, de par le fait que nous consommons, une part à jouer dans la lutte contre cette invasion du plastique dans nos sociétés. Le récent engouement pour le « zéro déchet » et les achats en vrac est de bon augure, mais le mouvement doit être accéléré et ces modes de consommation mis à la portée de tout le monde si nous voulons voir de réels progrès.

La prochaine législature des Chambres fédérales devra être celle des grandes mesures en faveur de l’environnement, et la réduction de notre dépendance au plastique devra en faire partie.

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