Des changements durables

Carnet de campagne épisode 2 : Urbi et orbi

Deuxième volet de ce “carnet de campagne”, où il est question de la propension des candidat-e-s à essayer d’être partout, tout le temps, au risque d’agacer ou de s’épuiser.

Campagne électorale… Le terme à quelque chose de martial, de conquérant. On pourrait s’imaginer devant une carte, pointant du doigt les communes à sillonner, les événements à parcourir afin de rencontrer celles et ceux qui pourraient être tentés d’inscrire notre nom sur un morceau de papier.  Mais est-ce vraiment comme cela que ça se passe ?

L’équation de départ est relativement simple : Pour faire entendre ses idées, pour parler du programme de son parti et se faire connaître, il faut rencontrer du monde. Or le moyen le plus efficace et rapide de rencontrer beaucoup de personnes en peu de temps est justement de se rendre dans des événements populaires réunissant les foules.

Quelques mois avant l’élection, on commence alors à scruter le calendrier des manifestations, à mettre une croix à côté de telle soirée de soutien, à remplir son agenda avec des noms de fêtes ou de lieux plus ou moins familiers. Puis commence la partie pratique, où ces endroits et événements se matérialisent, devenant sources d’émerveillement comme de désarroi.

Mais au fond, est-ce vraiment utile ? Va-t-on gagner une voix parce que l’on aura échangé deux minutes avec quelqu’un autour d’un bricelet et d’un verre de Vinzel tiède ? Surtout, la démarche est-elle sincère, ou au fond purement opportuniste, au risque de devenir contre-productive ?

Il semble en tout cas peu utile – à part pour le plaisir de faire des découvertes – de se rendre dans des lieux où on ne connait personne, ou où on ne pourra pas être présentés à d’autres badauds. L’idéal est donc toujours d’être accompagné de quelqu’un “du cru”, pouvant provoquer des rencontres, nous introduire dans des cercles de discussion et nous faire pratiquer l’activité favorite de tout politicien en campagne : le serrage de mains.  Pas physionomiste pour un sou, j’ai souvent été impressionné par la capacité de bon nombre de personnes à se rappeler plusieurs semaines ou mois plus tard du visage de quelqu’un avec qui elles ont échangé quelques minutes.

Quant à juger de la sincérité de la démarche, elle dépend fortement du contexte et du comportement. Je mentirais si je disais que hors campagne électorale je participerais à l’ensemble des événements que j’ai inscrit dans mon agenda d’ici au 20 octobre, ou que je partagerais autant de photos sur facebook de mes déplacements au 50 ans de telle association ou à l’inauguration de tel bâtiment intercommunal. Je pense que c’est normal et que cela “fait partie du jeu”. Par contre, n’étant par exemple pas fan de hockey, je vais éviter de me pointer à la patinoire de Malley, activité que je ne fais jamais en temps normal, et vais plutôt me motiver pour aller voir un ou deux matchs supplémentaires du Lausanne Sports , vu que je fréquente régulièrement le stade de la Pontaise. Autrement on aura vite fait – à tort ou à raison – de me taxer d’opportunisme ou d’instrumentalisation (voir chapitre précédent). De même (et assez logiquement) faire un saut éclair quelque part, prendre un selfie et partir en ayant gobé deux petits fours sans s’intéresser ne serais-ce qu’un peu au contenu de l’événement risque de fâcher les organisateurs comme celles et ceux que l’on aura si brièvement côtoyé.

Comme dans bien des domaines, il est donc préférable de privilégier la qualité à la quantité en matière d’événements de campagne.

Au final, le principal enseignement d’une campagne me semble être que sillonner le canton est avant tout utile pour se rapprocher du terrain, pour découvrir des réalités diverses et contrastées, être sensibilisé à des problématiques jusque là inconnues. C’est dans les soirées de fanfare ou dans les tournois de pétanque que bat une partie du coeur d’un canton ou d’un pays, et toute personne ayant pour ambition de devenir représentant de la population devrait y faire un saut.

 

 

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