Pour que deux et deux ne fassent jamais cinq

Pseudo-études genre : un nouveau conte du roi nu

Qui n’a jamais lu le conte de Hans Christian Andersen les habits neufs de l’empereur ? Vous savez, l’histoire d’un souverain qui, désireux d’être bien vêtu, commande auprès de charlatans une étoffe exceptionnelle que seules les personnes intelligentes seraient capables de voir.

Bien qu’incapable de discerner le prétendu tissu, l’empereur n’ose l’avouer et envoie ses ministres contempler l’avancée de sa fabrication. Tout comme leur césar, les ministres prétendent alors qu’il s’agit d’un vêtement de grande qualité – personne ne veut passer pour un idiot.

Une fois l’habit prétendument terminé, l’empereur se présente devant son peuple, qui acclame la beauté de ce vêtement exceptionnel. Seul un petit garçon ose alors dire la vérité : « mais, le roi est nu ». Tout le monde se rend alors compte de la supercherie. Le malheureux, humilié, continue sa marche en silence, conscient de sa sottise.

Le genre, nouvelle étoffe des charlatans

Les pseudo-études sur le genre doivent souvent nous rappeler ce conte. Depuis quelques années, celle que l’on nomme société civile ne tarit d’éloges devant les avancées en la matière. Quelle chance – nous ouvrons enfin les yeux.

Pas une semaine sans que le tonnerre médiatique ne glorifie un nouveau pas en avant. Sans que le monde politique n’embrasse le progrès ou, au contraire, ne rate une occasion ou ne reste en retard en la matière. Sans qu’un collectif subventionné ne publie un appel pour telle reconnaissance ou contre telle discrimination.

Le tout se passe, bien entendu, sans base scientifique autre qu’un consensus autoalimenté, certifié par des associations militantes et des cursus universitaires juges et parties. Il suffit de se plonger dans les publications des facultés concernées pour constater qu’il n’existe aucune forme de rigueur scientifique voire académique ordonnant la matière.

Le Larousse lui-même, ne parvenant à définir le genre de manière satisfaisante, précise qu’il s’agit d’une notion « récente, en constante évolution ». Tout comme ce fameux tissu visible uniquement par les personnes les plus intelligentes, le genre ne peut être compris, défini, évoqué, plaidé, vendu, enseigné – bref – exploité que par ses prédicateurs agréés.

Une fuite en avant incontrôlée, en quelques années seulement

Mais à quel vitesse cette pseudo-science se répand-elle ? Pour répondre à cette question, rappelons-nous du plateau télévisé sur lequel un illustre inconnu déclarait : « ah non, je ne suis pas un homme, monsieur ».

Ces propos avaient à l’époque provoqué l’hilarité générale du grand public – tout un chacun visualise aujourd’hui sans effort les regards hébétés qui se trouvaient sur son écran. Quelques instants plus tard, il enchaînait : « je ne suis pas blanc, je suis à moitié libanais ». La séquence faisait le tour du web, le public s’en moquait, plié en deux par l’absurdité ostentatoire de cette posture. Diverses associations et personnalités LGBT elles-mêmes se distançaient de ces propos. C’était il y a moins de cinq ans.

En moins de cinq ans, à force de matraquage médiatique, culturel, académique et politique, cette idéologie s’est normalisée. Elle n’est pas seulement devenue acceptable – elle est devenue vérité unique. Quoiqu’étrangère à toute réalité objective, elle obtient sur la place publique le rang de dogme immuable, à l’image des pires dérives pratiquées par les régimes théocratiques à travers le temps et l’espace.

Tout comme les ministres de l’empereur, les élites de la société civiles n’osent contredire un fait pourtant absurde. Les enseignants ne peuvent objecter, muselés qu’ils sont par les partenariats entre l’Etat et les associations militantes. Les acteurs culturels ne peuvent sortir des sentiers battus sans perdre toute subvention et visibilité. Les élus ne peuvent à terme prendre le risque d’une cabale médiatique et sociale à l’approche des élections.

Mais ou est l’enfant qui déclare que le roi est nu ?

La grande différence que nous vivons entre le conte d’Andersen et l’imposition forcée des pseudos-études sur le genre, c’est que nous n’avons pas encore entendu l’enfant s’écrier « le roi est nu ».

C’est que l’enfant a été pris de court. C’est qu’on lui a volé son innocence. C’est que les parents ne peuvent souvent pas débattre avec leurs enfants des mantras appris dans les manuels scolaires, tant les concepts leur sont étrangers.

C’est que l’endoctrinement commence en même temps que l’apprentissage du langage. Ainsi, des villes comme Lausanne ont annoncé, sur pression de la gauche et avec le consentement du centre-droit, commencer la transmission de ces idées dès la garderie. Car le dogme ne saurait être remis en cause – il est vérité parmi les vérités, dans un monde relativiste au possible.

Il est encore temps. Mais jusqu’à quand ?

Aujourd’hui, il est possible pour un juriste sans ambition personnelle de publier ces lignes sur internet. Mais pour combien de temps ? Et qu’en serait-il si j’ambitionnais un jour une place élective ou un poste dans l’administration ?

Pourra-t-on encore longtemps critiquer un dogme quasi-religieux, étranger à toute forme de réalité objective, évoluant constamment au gré des intérêts politiques et des biais sociologiques amplifiés par l’utilisation massive des réseaux sociaux ? Rien n’est moins sûr.

Il n’est à ce propos pas anodin que les associations militantes s’engagent pour une pénalisation de la remise en question des préceptes du genre, par une volonté d’étendre le fameux article 261bis. Ce qu’ils appelleront transphobie ne sera pas une opinion, mais un délit, clameront-ils. S’ils parviennent à leurs fins, quiconque mettra en doute le bienfondé des possibilités de transition à des préados, arguant que la transidentité peut être avant tout le symptôme d’un mal-être devant parfois être traité, risquera une condamnation pouvant aller jusqu’à trois ans de privation de liberté. Peu importe les séquelles irréversibles des procédés mis à l’honneur par la mode, peu importe les ravages sur certains jeunes.

Le roi est nu

La réalité qu’il nous faut confesser aujourd’hui, c’est que le camp autoproclamé progressiste lui-même est dépassé par une fuite en avant qu’il ne parvient plus à modérer ou à pondérer de démonstrations scientifiques.

C’est que le genre est une notion qui ne définit qu’elle-même et qui, par voie de conséquence, n’existe pas en dehors d’elle-même. C’est qu’il est possible de respecter tout un chacun sans pour autant entrer dans une doctrine coupée de la réalité.

C’est que si tout individu peut estimer correspondre mieux à une certaine image sociale et souhaiter être appelé d’une manière ou d’une autre, nous ne sommes dans la réalité pas maîtres de notre sexe. Il n’y a pas de genre assigné à la naissance, mais un sexe constaté à la naissance. Oui, monsieur, vous êtes un homme. Oui, monsieur, vous êtes blanc.

Cette voix, que tous les enfants en nous ont entendu en voyant un inconnu plaider l’absurde sur un plateau télévisé de 2018, doit pouvoir être entendue demain encore. La morale du conte revisité d’Andersen que traverse notre société occidentale aujourd’hui dépend de nous et de personne d’autre. Soyons à la hauteur.

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