Un pied dedans, un pied dehors

Allons-nous vers une dictature sanitaire ?

Il y a quelques semaines, j’ai partagé sur les réseaux sociaux un dessin de presse accusateur à l’égard des personnes qui refusent de se faire vacciner. Le dessin se moque du statut de résistants qu’ils se donnent. Une connaissance m’a confrontée en accusant ma pensée d’être totalitaire/dictatoriale. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre que nous entrons en dictature. En comparant la situation actuelle avec celle du 3ème Reich. Comparaison assumée, par certains élus suisses (voir Jean-Luc Addor utilise sciemment le terme Ausweis pour parler du certificat Covid).

 

Mercredi 28 août, le Conseil fédéral annonce une possible extension du certificat Covid aux restaurants, spectacles, cinéma… Une extension qui divise et qui inquiète. Une mesure qui pose assurément de nombreuses questions, auxquelles la politique suisse doit répondre. Pour rappel, l’ensemble des partis politiques, à l’exception de l’UDC, indiquent être en faveur de l’extension.[1]

 

Dictature sanitaire ? Vraiment ? 

Il est premièrement important de répondre à cette question. En effet, de plus en plus de voix se font entendre à ce sujet avec parfois des craintes légitimes, qui méritent d’être rassurées.

Cette question, plus particulièrement au sujet de la situation en France a été posée à Stanis Perez, historien de la médecine et de la santé. Ce dernier qui a étudié de nombreuses pandémies et le caractère politico social de ces dernières ne considère pas la situation actuelle en passe de devenir une dictature sanitaire[2]. Alors qu’au cours de l’histoire, ce type de dictature a bien existé, notamment au Mexique dans l’entre deux-guerre, pour lutter contre la grippe espagnole. La lutte contre cette maladie se faisait sur la base d’une supposée pureté de la “race” mexicaine. Concept qui a depuis longtemps été infirmé, car il ne se basait sur aucune preuve scientifique.[3]

Nous sommes donc, selon lui, loin d’une dictature sanitaire. D’autant que les professions médicales n’ont jamais été au pouvoir durant cette crise.

Pour en revenir à la situation suisse, nous pouvons constater que la stratégie du Conseil fédéral consiste à choisir la technique de la carotte plutôt que celle du bâton[4]. Vous ne serez pas amendé pour ne pas être vacciné, mais encouragé par les avantages que cela vous offre.

 

Comment convaincre une population de se faire vacciner ?

C’est une question que le Conseil fédéral s’est certainement posée. Nous avons en partie la réponse. Il y a quelques semaines, une étude est sortie à ce sujet. Cette dernière nous permet de douter de la volonté des personnes non-vaccinées à le faire sans incitatifs. [5] En effet, une majorité d’entre eux se définissent comme en bonne santé et doutent des conséquences négatives d’un Covid long, malgré les évidences scientifiques et les avertissements des médecins.

Nous avons aujourd’hui assez de ressources à disposition pour être rassuré sur les différents vaccins proposés en Suisse. Si certains jugent que quelques effets secondaires sont trop importants, pour les convaincre, nous pouvons difficilement reprocher au gouvernement d’offrir des avantages aux vaccinés, qui ont fait ce choix.

D’autant que la stratégie semble fonctionner, le lendemain des annonces du Conseil Fédéral certains centres de vaccination étaient à cours de doses, dû à la forte demande.

 

Se vacciner, est-ce un choix personnel ?

Souvent, afin d’éviter des conflits, on pourrait être tenté de céder en invoquant un choix personnel, qui ne mérite pas qu’on se dispute. Pourtant, cette affirmation est fausse.  Cela n’est pas un choix personnel, qui n’implique que la personne en question.

Les personnes qui ne sont pas vaccinées ont plus de risques de contracter la maladie et sont particulièrement exposées aux covid longs. De fait, ils risquent d’une part de contaminer d’autres personnes et surtout de finir aux soins intensifs et d’ainsi occuper la place d’un autre patient.

D’autre part, les coûts engendrés sont aussi à prendre en compte. Un jour passé aux soins intensifs peut coûter jusqu’à 4000 CHF.[6] Pour rappel, le prix d’un vaccin est d’environ 25 CHF pièce, soit un coût total d’environ 49 CHF par personne vaccinée.[7]

Les conséquences néfastes d’une contamination au Covid s’imposent donc à la personne qui le contracte, mais plus généralement à l’ensemble de la société.

 

L’actualité ne peut que donner raison aux médecins, scientifiques qui depuis maintenant plusieurs mois somment la population de se faire vacciner. Aujourd’hui, 75% des personnes en soins intensifs ne sont pas vaccinés.[8] Le vaccin protège principalement les personnes de moins de 75 ans contre des effets secondaires graves, de quoi convaincre aussi les jeunes, toujours réticents.[9]

Alors au vu de toutes les répercussions que peut avoir un fort taux de contamination sur la société, comme l’expression le dit si bien, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Le vaccin est aujourd’hui la seule voie qui nous permettra de sortir de cette crise sanitaire. Et il est de notre responsabilité à toutes et tous de se faire vacciner, pas seulement pour soi, mais pour les autres. Et si malheureusement, une partie de la population a besoin d’incitatifs pour le faire, il est du rôle de l’Etat de permettre à tous ses citoyens d’avoir un système de santé fonctionnel.

Parce que chacun a le droit de refuser le vaccin et d’en assumer les conséquences, mais chaque citoyen a aussi le droit de souhaiter vivre dans une société avec des hôpitaux qui ne sont pas surchargés.

 

Ressources générales :

https://www.actes-sud.fr/sites/default/files/extraits/9782330137014_extrait.pdf

https://www.cairn.info/etat-de-droit-et-etats-d-exception–9782130589389.htm

https://www.cairn.info/de-la-democratie-en-pandemie–9782072942228-page-2.htm

https://www.cairn.info/revue-commentaire-2021-1-page-103.htm

 

[1]https://www.letemps.ch/monde/lextension-certificat-covid-obligatoire-une-eventualite-divise-nouvelles-25-aout

[2]https://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires-le-podcast/sommes-nous-dans-une-dictature-sanitaire

[3] [Health dictatorship, education and hygiene promotion in Revolutionary Mexico, 1917-1934].

[4]https://www.letemps.ch/suisse/piqure-carotte-baton?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=article_traffic&fbclid=IwAR2PDwIHnvSfQ6ppptFneio2kDN2rhAlttUadnfspVUVld_94Au3_kDg1Jk

[5] https://www.letemps.ch/suisse/convictions-figees-antivax

[6]https://www.blick.ch/schweiz/es-kostet-200000-franken-blick-erklaert-das-intensivbett-id16200588.html

[7]https://heidi.news/sante-alimentation/les-dix-questions-que-vous-vous-posez-sur-les-vaccins-covid-19-en-suisse

[8]https://www.liberation.fr/societe/sante/covid-19-87-des-malades-en-reanimation-ne-sont-pas-vaccines-20210806_PN2WGZIZERDJBIL75FZL7FWVEA/

[9] https://www.tdg.ch/face-au-delta-meme-des-vaccines-sont-infectes-et-hospitalises-855892098929

Quitter la version mobile