Les pieds sur Terre

La fin d’Erasmus au Royaume-Uni: régression déplorable, décision critiquable

European education, university and school system in Europe concept with EU flag and college hat symbol.

A l’heure où chacun s’accorde (à juste titre) à saluer l’extraordinaire exploit des chercheurs du monde entier pour le vaccin anti COVID dans une intense collaboration historique, Monsieur Boris Johnson et son gouvernement trouvent Erasmus «trop cher» et décident brutalement fin décembre que le Royaume-Uni cesse d’y participer! Comme «cadeau de Noël» pour beaucoup de jeunes européens, auxquels il avait pourtant dit de ne pas s’inquiéter à ce propos quelque temps auparavant, c’est un cadeau empoisonné.

Un lâchage de première classe

J’avoue être plus que consternée par ce revirement, et ce d’autant plus que la Suisse, qui fut sortie du programme Erasmus +, consécutivement aux votations du 9 février 2014 (voir à ce sujet l’infographie suisse ci dessous*) souhaite actuellement fortement pouvoir revenir dans le futur programme Erasmus 2021, car elle en mesure l’importance.

C’est donc à mon sens une décision britannique lourde de conséquences. B. Johnson se contente d’annoncer un très hypothétique et vague système de remplacement, plus «britannique». Sans donner ni dates ni aucune autre information, et laissant ainsi en rade des milliers de jeunes européens qui n’auront pas les moyens financiers d’aller ailleurs étudier en anglais sans sortir d’Europe. Pour certains, les futurs enseignants d’anglais notamment, mais aussi pour tous ceux qui n’ont pas l’argent pour une alternative (ce qui est la grande majorité des jeunes étudiants !), c’est la fin sans recours de cette possibilité en Grande-Bretagne.

Un programme innovant et formidablement humaniste

En 1987, en le baptisant Programme Erasmus, en hommage au célèbre humaniste de la Renaissance, Erasme, l’Europe s’ouvrait à la mobilité dans ce qu’elle a de plus prometteur: les échanges de savoirs et de connaissances pour l’enrichissement mutuel des nations européennes.

Ce but était noble et enthousiasmant (il l’est toujours) car il offrait à des milliers de jeunes venus de 11 pays (au début) de se rencontrer, d’apprendre d’autres modes de vie, de découvrir d’autres cultures, et bien sûr, et surtout, d’étudier ensemble dans des universités diverses et dans d’autres langues que la leur.

En 2017, on fêtait ses 30 ans, et on répertoriait déjà plus de 5 millions (!) de jeunes étudiants bénéficiaires dans 33 pays. (= le Programme Erasmus +)

Un instrument pour la paix

 Connaître mieux l’Autre et sa culture, s’ouvrir à d’autres perceptions, d’autres mœurs, d’autres cuisines, et d’autres savoirs et compétences, est un gage de progrès en matière de lutte contre les préjugés et contre les discriminations fondées sur l’ignorance. Plus que jamais nous en avons besoin.

Il ne faut pas en sous-estimer les effets bénéfiques sur le moyen et le long terme. Au cours de leurs séjours, les étudiants (secondaires et secondaires supérieurs) ont ainsi la chance si précieuse de sortir de leur environnement pour apprendre et pour établir des connexions constructives.

Ce faisant, ils se constituent un réseau, personnel et professionnel, qui n’a rien de virtuel et qui leur reste pour toute leur existence. C’est donc une des bases fondatrices des futures collaborations dont nous profitons tous.

Un gage de qualité pour les universités européennes

Erasmus a aussi coïncidé ensuite avec les accords de Bologne qui ont été signés en 1999, et qui ont harmonisé les systèmes d’enseignements supérieurs européens pour 29 pays.

Cela a initié également les équivalences de diplômes et  les certifications ISO destinées à promouvoir la qualité des formations et de la recherche européennes.

Le programme Erasmus offre aussi aux chercheurs et aux professeurs une mobilité inter-universités et Hautes Ecoles inestimable pour les avancées intellectuelles et scientifiques.

Un investissement qui rapporte gros!

Au CERN on a un impressionnant accélérateur à particules, or Erasmus est, n’en doutons pas, lui aussi un puissant accélérateur de collaborations et un incubateur de synergies intellectuelles, pratiques, techniques et trans-disciplinaires.

C’est, si l’on veut se placer sur le seul terrain financier si cher au gouvernement de B. Johnson, un investissement certes, mais qui peut rapporter gros. Et bien plus que la mise initiale!

Un système à défendre!

 En conclusion, cette nouvelle qui s’est un peu noyée au milieu de toutes les autres en décembre et qui pouvait paraître sectorielle, voire anodine, ne l’est pas du tout. Elle nous concerne collectivement.

Erasmus + doit être défendu, c’est l’une des plus belles réalisations européennes!

En oeuvrant pour pouvoir y revenir en 2021, la Suisse a bien compris l’enjeu d’avenir que cela représente pour elle.

Hélas, le gouvernement britannique actuel quant à lui, a la vue très très courte! And is very old fashioned, indeed….

Je garde les Pieds sur Terre et là, je donne un grand coup de pied de protestation à l’égard de cette décision si malvenue.

 

*Pour information sur Erasmus et la Suisse : www.erasmus-ch.ch/fr/era

 

 

 

 

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