Les pieds sur Terre

Black Friday, un jour bien sombre…

Consternante nouvelle habitude, importée directement des USA, le Black Friday est une grand’messe consumériste qui va à l’encontre de tous les objectifs poursuivis par celles et ceux qui militent pour un développement durable.

Les origines de son nom sont l’objet de diverses versions: pour les uns cela ferait référence au fameux vendredi noir du Krach boursier de 1929 qui avait fait vertigineusement chuter les valeurs boursières et donc ruinés certains au profit de ceux qui avaient su et pu profiter des biens bradés dans l’urgence.

Pour d’autres cela daterait des années 60 où ces pré-soldes avaient attiré tant de monde que le trafic avait été qualifié de «journée noire», ou encore où les rues étaient «noires de monde».

Et pour d’autres cela serait une référence aux chiffres noirs des comptables, toujours heureux d’échapper aux désastreux chiffres rouges des déficits. Bref, cela reste assez approximatif mais on saisit bien l’idée générale.

Tout et n’importe quoi

La plus grande anarchie règne dans ses pratiques: certaines enseignes font des pré-soldes et annoncent des baisses de 10 à 70% sur des articles qui étaient déjà présents dans les rayons, d’autres commandent des produits  spécifiquement destinés à cette super-vente et qui sont présentés comme des affaires à saisir de toute urgence. D’autres jouent sur le «deux pour trois» ou encore sur le rabais progressif de plus en plus attrayant selon le nombre d’articles achetés.

Mais bien sûr le résultat est toujours le même: faire acheter et consommer encore et encore, écouler les productions pour mieux les augmenter sans cesse, justifier les chiffres de la sacro-sainte croissance d’un modèle économique en roue libre.

L’urgence anesthésie la raison

Les mails qui tombent en rafale dans nos boîtes de réception, commencent  tous par des textes alarmistes  «Attention plus que 24 heures pour profiter de … !» ou «N’attendez plus, bientôt il sera trop tard … » ou encore «J moins 1 !!  ne manquez pas …».

Une des clés de ce modèle aberrant c’est bien sûr de créer un permanent sentiment d’urgence: il faut que les consommateurs-trices cessent de réfléchir posément, il faut les maintenir en état d’alerte et de compétition, qu’ils aient peur d’avoir manqué quelque chose.

«Courez! Précipitez-vous AUJOURD’HUI, achetez vite, payez vite, et lassez-vous au plus vite. C’est bon pour la croissance mondiale, c’est bon pour vous.»

Argument qui n’a pas de sens puisque nous retrouverons à peu de chose près les mêmes offres dans quelques semaines, sous l’appellation soldes, ou ventes privées.

Jour de régression: la résistance s’organise

Oui, le Black Friday, c’est bien une journée noire, c’est l’apogée symbolique d’une fébrilité de masse. Le tout  “légitimé” par une  pseudo tradition de bons procédés commerciaux. « Pas de cerveaux, un porte-monnaie ou une carte  de crédit suffiront! Nous aimons tant vous faire plaisir! ».

Heureusement, la résistance s’organise, sous forme d’humour et de slogans dénonciateurs, et surtout de boycott par tous celles et ceux qui en ont assez de cet impérialisme, dont on sait pertinemment déjà combien il est dévastateur, partout et dans tous les domaines: humain, environnemental, social, économique et politique.

On n’a jamais autant produit de textiles, et surtout on n’en a jamais autant incinérés …Chez les grands distributeurs par correspondance qui dominent le marché, on n’a même plus le temps de vérifier les colis de retour: on les détruit.. cela coûte moins cher.

Comment rester indifférents devant un tel gâchis, devant ce cynisme sans limites?

Notre responsabilité

Cette journée -en passe de devenir une semaine d’ailleurs- devrait nous inciter à nous définir dans nos pratiques, à y réfléchir, à en débattre.

Au fond c’est un jour très politique pour tous les citoyen-nes: quels consomm –acteurs sommes-nous? Quels consomm-acteursvoulons-nous être?

Nous avons intérêt à y penser aujourd’hui car je vous le rappelle, c’est bientôt Noël … !

Les calendriers de l‘Avent sont là déjà, rivalisant d’inventivité pour écouler des marchandises dont nous n’avons pas besoin: certains farcis de bières ( heureusement que Noël tombe au 24 décembre, ça en fera déjà 7 en moins…) d’autres de produits de beauté (qui a besoin de 24 produits de beauté ??),  ou de liqueurs. Ils font fureur paraît-il …

Ah non, vous voyez, le cirque ne va pas s’arrêter de sitôt …Et je ne vous parle même pas des soldes de janvier! On en a déjà la nausée…

Je garde les pieds sur Terre: tout le monde le sait, le premier remède pour éviter l’indigestion, c’est de consommer moins! N’attendons pas le 1er janvier pour prendre nos nouvelles bonnes résolutions.

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