Zero déchet, en route vers un nouveau mode de vie!

Fly me to the moon… et ramasse ton caca!

Il y a 50 ans jour pour jour (et à la même minute, soit 2h56 du matin, vous pouvez vérifier), Neil Amstrong laissait la première empreinte de pas humain sur la Lune. Cinquante ans après cet exploit qui a fait rêver la planète entière et inspiré Frank Sinatra, ce qu’ont laissé les astronautes sur place y est toujours. Ils ont pris la Lune pour une poubelle, des égoûts, un dépottoir. Comme toutes les missions spatiales qui leur ont succédé depuis.

Au début de ma carrière professionnelle, notre équipe avait expérimenté un exercice de détermination des valeurs qui nous animent. Chacun de nous avait du dire quelle personnalité il ou elle admirait profondément et pour quelle raison. Mon tour venu, j’avais répondu: “Neil Amstrong, pour son courage et son audace à aller là où aucun humain ni animal n’est allé avant”.

Quelques années ont passé depuis. J’admire toujours autant le courage qu’ont eu les gars de la NASA – Amstrong, Aldrin et Collins – de s’asseoir sur une gigantesque bombe pleine à rabord de carburant. Mais mon admiration a baissé d’un sacré cran, pour une toute autre raison, que je viens de découvrir.

Une photo vaut mille mots:

Buzz Aldrin sur la Lune. Photo prise par Neil Amstrong. Qu’est-ce qu’on voit tout à gauche sur la photo?… © MARY EVANS – SIPA

Tout à gauche sur la photo, ce petit objet blanc, c’est… un sac à ordures. Et pas n’importe lesquelles : ce sont les étrons de nos chers héros, comme nous l’apprend le magazine Nouvo de la RTS sur Facebook.

Le tout premier geste de Neil Amstrong n’est pas de prendre la célèbre photo de son empreinte de pas dans la poussière lunaire. C’est de jeter ses cacas sur une planète qu’il n’a pas encore foulée de son pied historique! Un petit pas pour l’Homme, un bon de géant pour l’Humanité… Vraiment ?

Mais pourquoi n’ont-ils pas repris leur chenis pour le vol du retour? Pourquoi n’ont-ils pas appliqué une leçon très certainement reçue de leurs parents (on est dans les années 30) de ne pas laisser traîner leur papier de chewing gum par terre ? Parce qu’il fallait alléger le module lunaire au maximum pour le décolage. Donc on laisse tout sur place. Pensant peut-être qu’un jour, un voyage sera organisé pour nettoyer tout ça? Car rien ne se décompose tout seul sur la Lune. L’année passée, la RTS nous apprenait qu’au total, 220 tonnes de déchets jonchent la lune. C’est la NASA elle-même qui en a dressé la liste…

Il est bien là, le sac à ordures jeté par les premiers humains sur la lune! Il y est toujours!

Ce geste en dit long sur la façon dont notre société “civilisée” et “évoluée” s’envisage ici sur Terre et dans le vaste univers. Ce que nous apprenons enfants (enfin, pour les familles où ce genre de choses s’enseigne encore!), nous l’oublions bien vite au nom de la science et du progrès. C’est une posture à mon avis infantile et incompréhensible. Quand on quitte le lieu de son pic-nic, la plage où on pris du bon temps, ou la planète qu’on visite, on ne laisse rien derrière soi, pas même un mégot de cigarette, pas même une pétole. C’est une règle qui doit être appliquée par nous tous devenus adultes.

Notre économie ne prend jamais en compte les “externalités négatives”  – comme la gestion correcte des déchets, la pollution qui s’accumule – dans le calcul du prix des biens et des services. La théorie économique telle qu’on nous l’inculque dans les Universités est dépassée, fausse, à réinventer. Une croissance infinie dans un monde aux limites et aux ressources finies est une bêtise que n’importe quel enfant de cinq ans peut comprendre.  A quand l’exigence mondiale pour une économie circulaire, où les déchets n’existent tout simplement pas ?

Une seule chose me rassure quelque peu, à moitié il est vrai : à l’avenir, cette mentalité partagée par toutes les nations qui prétendent être à la pointe aux plans scientifiques et technologiques et qui sont si fières de faire partie du club de celles qui sont capables d’envoyer un engin dans l’espace, eh bien cette mentalité, comme un retour de boomerang, va conduire à l’impossibilité de continuer.

Une image vaut toujours mille mots…

(c) esa – Space debris around Earth

Cette image provient de l’Agence spatiale européenne. Ces débris, provenant d’anciens satellites, de parties de fusées larguées et autres sacs à ordures des vols habités, ne sont pas tous immobiles. Ils sont en rotation à des vitesses folles. Vous avez vu le film “Gravity“? Cela donne une idée sans doute assez proche de ce qui attend les futures expéditions dans l’espace…

Quel-le dirigeant-e va donc avoir enfin les “cojones” pour fédérer toutes les nations et amener tou-te-s les scientifiques à n’avoir désormais qu’un seul prochain objectif commun : nettoyer l’espace et la lune de ce que l’humanité y a laissé traîner? Et tant qu’à faire, à quand une résolution de l’ONU pour faire de même sur Terre?

Faut-il attendre un sauveur privé ? J’ai arrêté de croire au Père Noël depuis longtemps. Ce n’est pas Elon Musk qui va me contredire, lui qui a mis en orbite elliptique « la chose la plus idiote que nous puissions imaginer » (selon ses mots): une voiture! Si, depuis le 6 février 2018, une voiture avec un mannequin tourne autour du soleil, dans aucun but autre que … publicitaire. Et un gros déchet en plus, un!

La chose la plus stupide mise en orbite: une voiture. Merci Elon Musk! Un déchet de plus…

Triste humanité.

Je rêve que la formation dispensée par les agences spatiales NASA, ESA, CNSA, Roscosmos, CSA ASC, ISA et consoeurs à leurs futur-e-s astronautes comprendra un module incontournable intitulé: “Ramasse ton caca”… Car quand même, rester dans les mémoires comme étant les premiers humains à avoir jeté un sac à ordures sur une planète inconnue, ce n’est pas glamour du tout.

Je me console en écoutant la voix douce comme un doudou de Frank…

“Fly me to the moon
Let me play among the stars
Let me see what spring is like
On Jupiter and Mars…”

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