Zero déchet, en route vers un nouveau mode de vie!

Ce petit mégot de rien du tout…

Une si jolie plage au sud du Lac de Neuchâtel

L’autre jour à la plage, je me dorais la pilule au soleil couchant de fin d’après-midi quand une odeur de tabac fumé est venu titiller mon odorat, qui lui jamais ne s’assoupit. A l’air libre, la fumée se dissipe pourtant assez facilement. Est-ce mon passé d’ado fumeuse qui a laissé des traces ? Je détecte très rapidement l’odeur d’une cigarette à des dizaines de mètres à la ronde. Dire que cela me gêne, c’est peu dire. Une trentaine d’années après ce passage débile (au sens latin du terme: manquant singulièrement de courage pour dire non aux copains de l’époque!), une volute tabagique m’insupporte aussi sûrement que le crissement d’un ongle sur une surface lisse.

Mais comme je me trouvais à l’extérieur, je me suis donc résolue à prendre mon mal en patience. Hélas, ma voisine de serviette de plage n’était pas seule et elle avait pas mal de munition. C’était l’heure de l’apéro et le petit groupe de joyeux baigneurs dégustait une bouteille de rosé, accompagné de quelques chips et autres amandes salées. Son paquet de cigarettes était tout neuf. Une demi-douzaine de cigarettes ont été réduites durant la collation.

La fin du jour étant longue et chaude, une fois la bouteille terminée, le petit groupe a résolu d’aller manger du plus solide. Les quatre jeunes adultes ont tout ramassé et rien laissé derrière eux, ou presque. La plage étant privée et les picnics y étant interdits, les poubelles étant situées juste à côté du débit de boissons, chacun a intérêt à être discret et à ne rien laisser derrière soi. Rien… sauf les mégots de cigarettes.

Petit, mais costaud!

C’est rien, un petit mégot, me diront la plupart des fumeurs et des fumeuses.

Détrompez-vous! Un mégot, c’est petit, mais c’est costaud. Un seul mégot renferme plus de 4000 substances chimiques, la plupart issues de la combustion d’un tabac largement “saucé” par les fabricants. Un seul mégot pollue à lui seul plus de 1000 litres d’eau, rien qu’en termes de nicotine relarguée. En ces temps de sécheresse estivale, on appréciera…

Les mégots sont-ils biodégradables ? Composé d’acétate de cellulose, on pourrait le croire. Mais non. En général, il faut 1 à 2 ans pour que le filtre et son papier se dégradent. Mais si les conditions ne sont pas optimales, le processus peut prendre jusqu’à 12 ans.

Ce que semble confirmer la récolte de Net’Léman cette année: les 700 bénévoles de l’action de nettoyage du lac ont ramassé 46’000 mégots sur seulement 13 sites; 2900 seulement à Evian, 1200 sur la plage de Vevey en un seul matin. Si les mégots étaient biodégradables, on en retrouverait pas autant…

La prise de conscience pour les déchets plastiques a bien démarré. Il n’en va pas encore de même pour les déchets du tabac. Alors, quelles solutions?

Informer, sensibiliser, à chaque fois que l’occasion se présente. Interpeller les consommateurs et les encourager à ne pas laisser leurs mégots derrière eux. Pourquoi pas klaxonner à chaque fois qu’on voit un-e automobiliste jeter négligemment son mégot par sa fenêtre?

Une industrie responsable

Le concept du “pollueur-payeur” pourrait s’appliquer ici, mais à la source. Au lieu de s’en prendre encore et toujours au consommateur, on devrait se retourner envers ceux qui sont à l’origine de ces déchets: l’industrie du tabac.

Pourquoi ne pas obliger les fabricants de cigarettes à fournir gratuitement des cendriers portables et réutilisables à leurs consommateurs (il ne faut pas créer un nouveau déchet à cette occasion!), hermétiques et qui ne laissent s’échapper aucune odeur une fois fermés. Un peu comme pour les boules de lavage pour lessive liquide, mises gracieusement à disposition des gens en rayon (la mienne doit avoir une quinzaine d’années).

Dernière solution radicale : arrêter de fumer ! Car si le meilleur déchet est celui qui n’existe pas, la cigarette est certainement une prison qui aliène et tue à coup sûr la moitié de ses consommateurs devenus captifs.

 

 

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