Afroptimisation

REMĖDE CONTRE LE COVID-19 : ET SI LA SOLUTION VENAIT D’AFRIQUE ?

Alors que les pays occidentaux travaillent à la mise sur le marché d’un vaccin contre le COVID-19 dans un délai de 12 à 18 mois, la solution pourrait peut-être provenir de l’Afrique. Á Madagascar, il semblerait qu’un remède soit trouvé contre la pandémie, pour le plus grand bonheur des Africains, qui voient en cette trouvaille un motif de fierté retrouvée. Cependant, mis à part quelques pays africains, le produit malgache ne semble pas faire l’unanimité ailleurs.

L’heure n’est pas encore au bilan, loin de là, mais il est important de constater que le monde est impuissant pour l’heure, face à l’avancée de la pandémie. On dénombre aujourd’hui environ 264 000 morts et 3,76 millions de cas officiellement recensés dans le monde. Face à ces chiffres glaçants, l’Afrique s’en tire plutôt pas mal avec 52175 cas confirmés de coronavirus et un peu plus de 2 000 décès. Avec en prime, certains pays, comme la Mauritanie, qui ne comptent aujourd’hui aucun cas de contamination officiellement reconnu.

A contrario, d’autres pays sont bien touchés par la pandémie. L’Afrique du Sud et l’Égypte sont en tête, suivis par le Maroc, l’Algérie, le Nigeria et le Ghana. Face à cette situation, les Africains se mobilisent pour faire front, d’autant plus que les éventuelles conséquences économiques de la pandémie seraient désastreuses pour le continent, si la pandémie venait à s’y répandre davantage. C’est dans ce contexte que la grande Île de Madagascar va peut-être se faire connaître du monde entier à travers son Covid-Organics (CVO). Cette solution se présentant sous la forme d’un liquide brun caramel, à base d’artemisia qui est un arbuste bien connu à Madagascar et dont la substance active est déjà utilisée en antipaludéen, est déjà largement utilisée par les Malgaches pour prévenir ou lutter contre le COVID-19. Il est distribué dans des bouteilles en plastique, dans des bidons de cinq litres ou encore sous la forme de sachets de tisane à infuser. Le président malgache, Andry Rajoelina, en fait personnellement la promotion tant il est incroyable qu’un pays, classé parmi les plus pauvres de la planète, soit à l’origine d’une telle découverte. Ses apparitions publiques, avec la bouteille en main, sont très suivies, et font l’objet de commentaires de toutes sortes, selon les régions. En Afrique, ce remède miracle, puisqu’il serait efficace en sept jours, fait la fierté du continent, à tel point que le président malgache compte le proposer à plusieurs de ses pairs africains.

Mis au point par un centre de recherche malgache, l’Institut malgache de recherche appliquée (IMRA), le Covid-Organics est cependant décrié par la communauté scientifique internationale qui n’est aucunement convaincue par son efficacité. Si ses valeurs préventives sont moins source de polémiques, ses vertus curatives font largement débat dans le monde.

En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) met en garde contre l’achat sur internet de produits à base d’artémisia qui, selon elle, sont d’origine douteuse. Dans la même logique, le bureau Afrique de l’OMS s’est également fendu d’un communiqué qui ne semble pas décourager les Africains et encore moins le président de Madagascar qui croit dur comme fer en sa précieuse découverte. Ce communiqué précise que “l’utilisation de produits destinés au traitement du COVID-19, mais qui n’ont pas fait l’objet d’investigations strictes, peut mettre les populations en danger… (…) Des plantes médicinales telles que l’Artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles du COVID-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables ». L’UA (Union Africaine) a également sorti un communiqué dans lequel elle demande des preuves scientifiques.

Le président malgache, Andry Rajoelina, qui joue sur la solidarité africaine, a offert ce produit à une quinzaine de pays de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest), même si cette dernière a démenti avoir passé commande auprès du président malgache. N’empêche, quelques chefs d’état lui ont formellement exprimé leur solidarité, et non des moindres.

En effet, le «Covid-Organics» vient d’être validé par le comité scientifique du Sénégal, pays du président Macky Sall. Dans un entretien avec une radio locale (la RFM), le professeur Daouda Ndiaye, chef de l’équipe des scientifiques, confirme la nouvelle. «Nous allons vers l’utilisation de l’artemisia. De notre côté sur le plan scientifique, notre feu est vert». Le Sénégal se dirige vers la rédaction du protocole de recherche sur le Covid-Organics, « nous allons travailler sur un protocole pour voir comment le donner aux Sénégalais ».

Ce protocole sénégalais aura pour but d’être « préventif et curatif », a précisé l’épidémiologiste, par ailleurs chef du Service de Parasitologie-Mycologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ajoutant que son équipe est « en train d’accélérer les procédures ». Á noter que le ministère sénégalais de la Santé a donné hier jeudi son aval à l’utilisation du Covid-Organics. D’autres ministres africains de la santé devraient lui emboîter le pas dans les prochaines semaines.

Ce produit typiquement “made in Africa”, qui représente une sérieuse menace pour les multinationales pharmaceutiques internationales, fait le buzz sur les réseaux sociaux car les Africains y voient la capacité africaine à créer, innover, inventer et imposer un produit 100% local. De quoi rendre à l’Afrique une fierté longtemps bafouée par l’Occident. Loin des clichés habituels, l’Afrique a  de beaux jours devant elle. Avec une moyenne d’âge de 20 ans (continent le plus jeune) et seulement 1,3 % des cas de contamination au COVID-19 au plan mondial, et maintenant une communauté scientifique de mieux en mieux formée, les Africains ont le droit de croire en leur continent, et partant, en leur Covid-Organics.

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