Le grain de sable

La vérité, toute la vérité, rien que la vérité, vite (suite)

Etudiés de plus près, les deux « scandales » de Seegräben (ZH) et Windisch (AG) n’ont pas vraiment la portée que la presse semble leur accorder. Nous avons essayé d’y voir plus clair.

Le locataire congédié préciserait n’avoir aucun ressentiment à l’égard des réfugiés qui lui succéderont, quels qu’ils soient.

Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire ne mérite pas d’indignation et qu’une récupération pour en faire un casus belli friserait la mauvaise foi.

En combinant les récits du Blick (28.02.23 et 02.03.23), du Temps (01.03.23), de Watson (du 01.03.2023) et du Matin Dimanche (02.03.23), on croit comprendre le déroulement suivant :

La société privée propriétaire des immeubles à évacuer aurait – avec l’accord du Canton ? – écrit aux locataires une lettre de résiliation non motivée, et, selon elle, à seule fin de raser les logements vétustes et d’en construire de neufs. Cette société aurait dit au Canton qu’elle tiendrait ses immeubles vides à sa disposition pour en faire un centre de  réfugiés.  La Présidente de la Commune aurait eu vent de cela et publié un communiqué disant : « Afin de pouvoir accueillir les demandeurs d’asile, le propriétaire a résilié fin juin le bail des 49 locataires précédents » puis se serait excusée de cette erreur auprès du Canton – à qui elle reproche d’avoir mal communiqué. Le service social du canton, de son côté, serait parti du principe que les logements concernés étaient principalement des studios avec un délai de résiliation de 30 jours et n’aurait pas eu conscience qu’il s’agissait aussi de grands appartements avec familles. Il aurait d’ailleurs été induit en erreur par les réponses de l’ancien propriétaire des immeubles avec qui il avait pris contact. Le chef du département cantonal responsable de la gestion des réfugiés semble s’en être remis à son service social.

Négligence coupable ? Double langage ? C’est la « bouteille à l’encre » qui, telle que présentée dans la presse, ressemble à une sorte de « récupération politique et partisane » du malaise à l’égard de la politique d’asile fédérale et de la manière de transférer les charges d’accueil sur les cantons et, par les cantons sur les communes. Le hasard veut que la Présidente du conseil communal et le chef du Département soient tous deux UDC, que le président tessinois du parti UDC s’en soit aussi mêlé en dénonçant la politique fédérale d’accueil des réfugiés et que le tout se greffe sur une situation toute récente d’expulsion en Allemagne, pays dont s’inspire volontiers la Suisse allemande.

Dans la réalité, il s’agit probablement d’un banal licenciement justifiant éventuellement une procédure normale d’opposition et non pas du tout d’une scandaleuse mise à la rue d’honnêtes citoyens pour loger des réfugiés. Une presse professionnelle pourrait contribuer à calmer le jeu en enquêtant sur les faits réels plutôt que de laisser couver l’idée d’un scandale dans le domaine éminemment explosif du nombre actuel considérable de réfugiés.

 

 

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