Le grain de sable

Administrés à vendre si l’État est acheteur

Un article du Temps du 12 janvier (p. 9), intitulé « L’appât, une stratégie vaccinale inoffensive » rend compte d’une étude effectuée en Suède, auprès de 5’000 personnes, et aux Etats-Unis, auprès de 3000 personnes à qui l’Etat avait promis et donné de l’argent (en Suède quelque 20 francs) pour qu’elles se fassent vacciner contre la covid. L’étude devait déterminer si cette manière de faire avait eu un effet négatif en ce sens que cela « pourrait décourager de continuer à se faire vacciner par la suite, en l’absence de contrepartie financière. Cette méthode pourrait aussi diminuer la motivation d’autres injections contre le covid » (sic), influencer la « confiance dans les autorités… diminuer la motivation altruiste à se faire immuniser, au profit de motifs plus égoïstes »(sic).

En Suède, cette méthode « a permis d’accroître le taux de vaccination de 4% au sein de l’échantillon de population étudié » (sic).

On se souvient qu’en Suisse, il avait été question de payer (50 frs) celui ou celle qui aurait convaincu un proche de se faire vacciner (voir mon blog du 1er octobre 2021 : « Plus bas, tu ne pourras pas tomber »), mais que les cantons avaient refusé cette méthode comme le rappelle Mme Hurst, bioéthicienne à l’université de GE, membre de la task force, qui précise d’ailleurs «des études montrent que le fait de proposer une incitation matérielle permet effectivement d’accroître le recours à la vaccination ».

 

Pas la moindre allusion à l’aspect éthique d’une telle « corruption » sanitaire active

L’étude rapportée par le Temps et dirigée par un chercheur HEC à Lausanne et un chercheur de Zurich, conclut qu’il n’y a aucun effet négatif de cette action sanitaire en ce qui concerne les comportements « pro-sociaux » des participants à l’étude, ni en ce qui concerne la confiance en les autorités ou en d’autres vaccinations et que, vu l’effet incitatif, l’option payante « devrait être sérieusement considérée par les autorités pour favoriser la vaccination, par exemple quand on s’attend à un fort pic de circulation d’un virus » (sic).

A aucun moment, la question n’est même effleurée si cette forme de « corruption active » de la part de l’Etat est éthique. Pour éviter de recourir à l’obligation vaccinale justement honnie, et sous prétexte d’intérêt public, les autorités flattaient la cupidité des administrés, leur paresse ou leur superficialité. Elles suivaient exactement la méthode des GAFAM : flatter les défauts naturels de l’être humain afin d’augmenter la clientèle.

A lire l’article du Temps – fort instructif au demeurant – l’étude a pour but de déterminer s’il y a lieu de craindre qu’en se laissant « acheter », les administrés ne perdent leur sens éthique social et démocratique, mais la même étude ne s’intéresse pas à la nature de ce mode de faire étatique. En Suisse, la proposition de l’offre de numéraire n’ayant pas été suivie (pour les seules raisons pratiques de contrôle impossible), les autorités sanitaires ont recouru à des palliatifs, tels que billets gratuits pour des concerts ou spectacles « jeunes », pâtisserie, etc… Toujours la même corruption active, et le chantage à la protection d’autrui, alors même que les autorités sanitaires savaient que les vaccins ne protégeaient pas de la propagation du virus.

Cette étude a-t-elle révélé un mépris profond des autorités scientifiques, académiques et politiques envers les administrés ? La question éthique aurait mérité le détour.

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