Le grain de sable

La lourde tâche des politiques

Les attaques du Parlement contre la task force, lors de la session de mars, ont entraîné des réactions fort intéressantes dont le Temps notamment a rendu compte, citant par exemple, en p. 8 du numéro du 4 mars, les propos de M. Riou, épidémiologiste à l’université de Berne : « Les discours alternatifs viennent le plus souvent de scientifiques issus d’autres disciplines, même s’ils n’ont aucune qualification en épidémiologie ».

 C’est précisément là que réside le malaise.

Une crise sociétale aussi grave que celle déclenchée par la pandémie ne peut être gérée selon les seules règles décrites par des « modèles mathématiques simulant sur ordinateur des scénarios de l‘évolution de l’épidémie ». Ces scénarios sont évidemment intéressants, mais ils ne reflètent qu’un aspect du problème. Il est indispensable que d’autres spécialistes de disciplines variées fassent aussi connaître leur point de vue et que les avis divergents dans tous les domaines puissent être entendus par les décideurs politiques, parce que ces derniers doivent pouvoir peser le pour et le contre de tous les paramètres concernant la population dont ils sont responsables : santé, économie, futur des jeunes, taux de mortalité comparée à d’autres saisons et maladies et aux âges, poids psychique et affectif, menaces pour la démocratie et les libertés fondamentales, et même relations internationales.

Quelques scientifiques vont fournir des résultats purement mathématiques, mais il faut bien plus de données pour mesurer le facteur humain et sociétal des dégâts.

Le mépris de certains « experts » pour les données autres que strictement sanitaires

Le Temps toujours (19 mars, p. 3) a interviewé le président des médecins romands qui aurait dit, à propos de la problématique de la réouverture des restaurants : le Conseil fédéral doit à nouveau décider s’il suit des données sanitaires objectives ou s’il gouverne sur la base des sondages et manœuvres des lobbyistes.

Ce passage scandaleux n’était pas entre guillemets, peut-être trahit-il donc la pensée de ce médecin. Mais il correspond malheureusement à une sorte d’arrogance d’experts sanitaires qui semblent oublier que l‘être humain est beaucoup plus complexe que ses seuls algorithmes sanitaires

La terrible question politique

Le Conseil fédéral et les conseillers d’Etat des cantons assument la très lourde responsabilité de décider si la population doit peu à peu mourir de l’application absolue du principe de précaution au seul risque sanitaire ou s’il vaut mieux pour elle d’assumer les risques de vivre en liberté. Et aucun expert, aucun scientifique n’a de réponse à cette question d’avenir, la seule réponse est politique.

 

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