Le grain de sable

Ne pas dissimuler son visage: essayer d’élever le débat

L’initiative « oui à l’interdiction de se dissimuler le visage » porte un titre qui correspond à son contenu. Les opposants la désignent souvent par un titre réducteur:  initiative anti-burqa.

S’il est vrai que l’origine de l’initiative est une opposition à la burqa et au niqab, en revanche, la formulation en est beaucoup plus large et devrait être l’occasion de réfléchir à la portée et à la valeur du visage dans la civilisation occidentale.

En Occident, le visage est un moyen de communiquer avec l’entier de la personne, tant physique que psychique, morale et sociale

Siège des cinq sens (le toucher étant assuré par les lèvres en particulier) et, en plus, de la parole, le visage révèle l’entier de la personne. Or la personne est un élément fondamental de la société occidentale. Nul ne peut être tenu de dissimuler tout ou partie de son visage afin de se soustraire à la vue d’autrui, sinon en effet pour des raisons toujours passagères et dans un but très clair et précis. Cette valeur du visage est tellement intrinsèque à notre culture qu’on n’y pense même plus. Mais cela explique aujourd’hui les mouvements de révolte à l’égard du masque sanitaire, car celui-ci, imposé parfois pendant de longues heures à tout un chacun, est ressenti comme une atteinte à la personnalité. D’où la nécessité impérative, quand on en rend le port généralisé obligatoire, d’être pleinement crédible.

En Occident, l’obligation de dissimuler tout ou partie de son visage est une sorte de castration de la personne

Combien de formules littéraires ne font-elles pas allusion au visage pour exprimer des sentiments aussi variés que profonds : détourner son visage (et pas seulement son regard), pour cacher une émotion positive ou négative ; prendre son visage dans ses mains ou au contraire prendre le visage de l’autre dans ses mains pour exprimer un désarroi, une tendresse, une force aussi parfois, voire une violence. Le visage peut être rieur, joyeux, ouvert, renfrogné, enfantin, ridé, buriné etc… Il n’y a pas que les yeux qui disent quelque chose.

Qui doit cacher tout ou partie de son visage est privé du droit de communiquer pleinement avec autrui mais prive aussi autrui du droit de connaître qui s’adresse à lui.

En Occident, montrer son visage est une question de franchise et de politesse, c’est l’expression d’une volonté de relation et de communication. La votation du 7 mars prochain pourrait être une occasion de le dire.

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