Le grain de sable

L’exécution capitale

M. Darius Rochebin a été exécuté soigneusement par le Temps : plusieurs pages et maints détails le 1er novembre, une nouvelle page le 2 novembre, un rappel le 3 novembre, avec d’ailleurs une mise en cause des responsables de la RTS et notamment de deux cadres mais non nommés.

Pourquoi est-ce que, dans un cas, on répète à l’envi de nom de la personne et pas dans les autres cas ?

L’anonymat d’une dénonciation publique devrait être la règle

Que des journalistes fassent une enquête on peut le concevoir. Ils ont souvent des moyens plus efficaces et rapides que la justice, notamment parce qu’à la différence de la justice ils ne respectent pas la règle selon laquelle on doit entendre aussi l’autre partie. Mais qu’ils publient des noms, jetant en pâture une personne sans lui laisser la moindre chance de se défendre, c’est vraiment révoltant. Pourquoi alors deux poids deux mesures, la condamnation irréversible dans un cas, l’anonymat dans l’autre ?

Il semblerait parfaitement possible de rendre publique une éventuelle mauvaise conduite -afin d’empêcher que la chose se reproduise – en respectant l’anonymat de l’auteur qui jouit quand même d’une présomption d’innocence jusqu’à sa condamnation.

Où est la limite entre la dénonciation courageuse du lanceur d’alerte et la vengeance ou la revanche de la jalousie ?

Jeter une personne en pâture une fois qu’elle ne peut plus se défendre et étaler dans les détails ce que d’aucuns lui reprochent – probablement à raison, mais rien n’est prouvé à ce jour pour les lecteurs – est-ce vraiment un acte courageux ?

Les pages du Temps avaient un petit relent de règlement de compte. C’est regrettable.

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