Le Temps de cet été nous gratifie de très nombreux articles fort intéressants, historiques, culturels, scientifiques, parfois même politiques.
En page 12 de ce 6 août, la rubrique « science » est consacrée à une Américaine, Eunice Foote, qui, oubliée aujourd’hui, aurait « [découvert] les gaz à effet de serre et leur rôle dans les variations du climat » (sic).
Je me suis évidemment précipitée sur le texte, passionnée autant par la personne de Mme Foote que par l’objet de sa découverte. Quelle ne fut pas ma déception ! On nous relate l’expérience faite avec des thermomètres placés dans des cylindres de verre « emplis de différents mélanges gazeux » puis exposés au soleil. Mme Foote aurait ainsi découvert que certains gaz, en particulier le CO2, retiennent davantage la chaleur que les autres et en aurait conclu : « Une atmosphère constituée de ce gaz donnerait à notre Terre une haute température » (sic). Cela se passait au milieu du 19e siècle.
Un historien américain contemporain, M. Roland Jackson, en aurait déduit, dans un article de l’année dernière : « Foote semble bien avoir été la première personne à remarquer la capacité du dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau à absorber la chaleur et à établir un lien direct entre la variabilité de ces constituants atmosphériques et le changement du climat ».
Cette présentation nous déçoit par deux éléments :
- Personne ne dit quel pourcentage de CO2 était contenu dans les mélanges gazeux de l’éprouvette, mais on ne peut ignorer que la conclusion imputée à Mme Foote parle « d’une atmosphère constituée de ce gaz» (c’est nous qui soulignons) au sujet de son effet sur la température sur terre, donc d’une énorme proportion. Il serait vraiment intéressant de savoir si l’expérience a été réalisée avec des éprouvettes contenant des pourcentages variés de CO2, et, si oui, par rapport à quels autres gaz atmosphériques.
- L’historien contemporain, M. Jackson, cité dans l’article du Temps, mentionne le rôle du CO2 et de la vapeur d’eau, alors que l’expérience rapportée plus haut n’évoque pas cette dernière. Y en avait-il dans les éprouvettes ? Si oui, quel(s) pourcentage(s) ?
Pour rendre hommage à cette chercheuse oubliée, il serait fascinant de se pencher sur ses recherches, de découvrir quel en était éventuellement le but et comment elles se sont réellement déroulées.
En l’état, on ne saurait évidemment en tirer aucune conclusion par rapport à l’actualité.