Le grain de sable

l’extrémisme raciste (ou antisémite) n’est ni de gauche ni de droite

L’Allemagne vient de vivre une terrible tragédie à Hanau et on ne peut qu’éprouver un sentiment d’horreur à l’idée de ces multiples assassinats. Peut-on affirmer pour autant, comme le fait le Temps de ce 21 février (p. 1) – mais il n’est pas le seul –, que « l’extrémisme de droite gangrène profondément le pays » ?

On ne saurait dire que cet extrémisme est de droite, dans la mesure où il serait la manifestation d’un racisme et d’un antisémitisme. Cette manifestation est certes typique du nazisme, mais on ne peut ignorer que le terme de nazisme n’est que la contraction de l’appellation « national – socialisme ». Or cette appellation devait être opposée en son temps à l’internationale socialiste qui correspondait au communisme. Il s’agissait-là de deux conceptions antinomiques du socialisme dont l’histoire a révélé que les méthodes expéditives et non démocratiques étaient fortement identiques.

L’antisémitisme et le racisme ne sont typiques ni de la droite, ni de la gauche. Ils sont florissants – hélas ! – dans bien des populations ou Etats (y compris la Palestine et Israël). On les confond avec la xénophobie, qui en est une forme atténuée mais pas plus sympathique pour autant.

Les autorités sont responsables de la xénophobie

Parce qu’elle est une forme atténuée de racisme, la xénophobie peut être soignée par les pouvoirs publics. Ils doivent tenir compte du sentiment qu’une population autochtone peut avoir d’être moins bien traitée que des immigrants étrangers. Un tel sentiment est extrêmement dangereux et la manière dont les autorités le prennent en compte peut être à l’origine soit d’un apaisement dans la population, soit d’une exacerbation du sentiment d’injustice. C’est cette exacerbation qui finit par éclater en extrémisme raciste ou antisémite. Elle se manifeste parfois plus ou moins clairement dans certaines tranches sociales qui se sentent particulièrement méprisées par les autorités, mais elle n’est intrinsèquement ni de gauche ni de droite. L’attribuer à une tendance politique particulière contribue simplement à accroître les tensions en condamnant sans appel et sans preuve une catégorie de citoyens.

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