Le grain de sable

Le sexe, l’orientation sexuelle, la religion doivent-ils être des atouts électoraux?

Je ne vais pas revenir sur la question du sexe qui implique la discussion des quotas, sujet éculé. En revanche, l’orientation sexuelle et la religion méritent un instant de réflexion.

On a souvent l’occasion de lire que tel personnage public est homosexuel et c’est volontiers mis en évidence et répété par les médias voire par la personne élue elle-même. Dans sa belle « grande interview » du dimanche 23 juin dans le Temps, M. Jean-François Roth, ancien conseiller d’Etat et conseiller aux Etats jurassien, a répondu à la question relative au fait qu’il n’avait pas fait allusion à sa vie privée avant la fin de son mandat en ces termes : « Je n’ai jamais eu une vie cachée, mais je n’ai pas voulu être le porte-drapeau d’une cause… En ce qui me concerne, j’ai toujours essayé de banaliser mon statut à ce sujet… ».

Le problème de la religion est pris sous un angle un peu différent dans l’article intéressant de M. Ahmed Ajil, intitulé « Islamophobie : une subtilité qui nous échappe », publié en p. 8 du Temps du mardi 25 juin. L’auteur note que la violence politico-idéologique peut être liée au « répertoire abondant d’images négatives » au sujet de « tout … Moyen-Oriental musulman qui ne saurait dissimuler son identité », alors qu’il y a une « quasi-absence d’images positives ». Il relève notamment un « manque de représentativité politique » en Suisse. On peut comprendre ce passage en ce sens qu’il faudrait par exemple que des candidats d’origine moyen-orientale sur des listes électorales annoncent leur appartenance religieuse afin d’en être le porte-drapeau.

La politique en général et plus spécialement une campagne électorale doivent-elles servir d’occasion de propagande pour une orientation sexuelle ou pour une religion ? La réponse n’est pas simple parce que – c’est avéré – les minorités ont besoin d’images positives d’elles-mêmes pour échapper à la tentation éventuelle de se radicaliser comme d’ailleurs pour faire admettre leur particularité par la société et échapper à un ostracisme haineux. Mais d’un autre côté, rien n’est plus propice à l’échauffement des esprits, voire au développement de l’hostilité à l’égard de la différence que le fait de brandir cette différence comme une sorte de « droit à un traitement spécial ».

Il me semble tout à fait souhaitable que les électeurs connaissent l’état civil (célibataire, marié, pacsé, parent) voire la religion ou la philosophie spirituelle des personnes candidates à une élection, car cela fait partie de leur identité ; cela peut indiquer leur connaissance particulière de telle ou telle difficulté de l’existence. En revanche, il est de la responsabilité tant des personnes candidates que des médias de ne pas ériger telle ou telle particularité en « atout électoral ». Le danger existe alors que la religion comme l’orientation sexuelle servent à la conquête du pouvoir et, pour la religion en particulier, c’est un danger historique et belliqueux.

 

 

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