Le grain de sable

Un enfant quand je veux, un enfant si je veux

Tel était le titre d’un récent article du Temps consacré à la cryogénisation des ovocytes, demandée notamment par des femmes souhaitant renvoyer une éventuelle grossesse à plus tard, quand cela leur conviendrait professionnellement (je laisse volontairement de côté de très éventuels cas de maladie).

Je suis toujours étonnée de constater l’absence de réflexion éthique accompagnant les découvertes de la science en relation avec la procréation en général et la facilité avec laquelle on semble oublier que tout ce qui touche à la procréation concerne notamment une personne en devenir, l’enfant. Dans une société qui se targue de se préoccuper des faibles, des pauvres, des marginaux, des laissés pour compte, comment se fait-il que l’on puisse prétendre que procréation, grossesse, avortement, ne concernent que les adultes alors que, toujours, au centre de ces phénomènes, il y a le vrai faible, le vrai muet, celui dont on façonne l’avenir, l’enfant, et que jamais on ne parle de lui ? Bon, une fois qu’il est né, on l’utilise évidemment, avec un peu de chantage, pour obtenir la légitimation des actes antérieurs des adultes.

Revenons à notre titre.

Dire « Un enfant quand je veux et si je veux », c’est en fait considérer a priori trois situations comme légitimes :

Pendant des siècles, l’enfant n’a été considéré que comme une force de travail assurant l’avenir de ses parents.

Puis on s’est rendu compte que c’était une personne dont on était responsable ce qui impliquait des contraintes.

Alors on s’est réfugié derrière le culte de l’enfant-roi, on a brandi l’intérêt de l’enfant sous tous les prétextes et, bardé de ces beaux sentiments, on a ignoré le fait que l’enfant existe, comme personne, avant qu’on le voie et qu’il n’est pas seulement un produit quelconque de la science.

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