Le grain de sable

Le choix diabolique

Le problème posé par le renvoi des terroristes dans leur pays d’origine même si la torture ou la mort les y attend correspond au très vieux dilemme du choix diabolique : a-t-on le droit de sacrifier volontairement des personnes pour en protéger un plus grand nombre ? C’est un choix auquel les autorités sont parfois confrontées, auquel nos autorités ont été confrontées pendant la dernière guerre mondiale. C’est celui auquel les autorités doivent éventuellement faire face lors de prise d’otage. C’est peut-être le choix auquel nous sommes confrontés actuellement à cause des terroristes.

La réponse n’est pas simplement donnée par le respect du droit fondamental d‘une ou de quelques personnes isolées, car une population a aussi le droit fondamental d’être protégée par ses autorités. La réponse résulte de l’appréciation du risque éventuel encouru si l’on permet au droit fondamental de quelques personnes de primer celui d’une population.

Lorsqu’il s’agit de terroristes, il convient d’apprécier si le danger qu’ils représentent pour une population est plus grand quand ils restent – sous contrôle, on l’espère ! – dans son sein que lorsqu’ils sont renvoyés ailleurs, quel qu’y puisse être leur sort. L’appréciation nécessite évidemment, entre autres, la connaissance précise des exactions commises, de la dangerosité des intéressés, de leur degré de radicalisation etc. Pour certains terroristes, la vie est déshonorante alors que leur mort et celle des autres sont un pas vers la récompense.  Pour d’autres, moins radicalisés, la perspective d’être privés de liberté dans certaines prisons est moins affreuse que celle d’être incarcérés ou jugés ailleurs. La « douceur » de la peine pourrait alors jouer le rôle d’un « appel d’air».

La réponse ne peut pas résider dans un texte rigide, quel qu’il soit. Elle ne sera pas forcément toujours la même, elle doit être purement pragmatique, au cas par cas. Il se peut qu’en fin de compte elle se répète toujours, mais elle ne doit pas permettre aux terroristes ou à ceux qui les utilisent de compter à l’avance sur une solution plutôt qu’une autre. Les autorités doivent avoir la liberté d’apprécier ponctuellement le danger et d’y adapter la solution la moins mauvaise pour la population : garde ou renvoi.

 

 

 

 

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