Le grain de sable

Le climat est instrumentalisé

C’est sous ce titre que le Temps du 3 septembre rapporte les propos du professeur Erkman et je me réjouis que le problème soit abordé sous cet angle, non pas pour nier que le climat est un peu déréglé, mais pour reconstituer la hiérarchie des problèmes et des responsabilités.

Nul ne peut nier qu’il y a eu des dérèglements climatiques à plusieurs reprises sur notre terre, les uns gravissimes, les autres plus légers (petites glaciations, petits réchauffements), sans que nous y ayons pu mais, ni que les explosions solaires, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre peuvent avoir des effets énormes bien supérieurs à ceux de nos activités et dont nous n’avons aucune maîtrise. La moindre des humilités serait au moins de reconnaître que nous n’en connaissons pas vraiment les causes et que nous ne pouvons pas les éviter.

De vous à moi, on a de la peine, comme être humain ou même comme entreprise, voire comme Etat, à se sentir responsable du changement climatique. En revanche, il est évident que la pollution – dont chacun est responsable – peut jouer un rôle sur la santé, que nous pouvons influencer la biodiversité par notre manière d’exploiter les terres, voire de nous nourrir, bref que si l’on veut responsabiliser vraiment les personnes et éventuellement influencer les groupes sociaux dans leur manière de se conduire, il faut arrêter de brandir le changement climatique et se concentrer sur ce qui est à notre niveau.

En un sens, la démission de M. Hulot qui mettait – comme beaucoup d’autres personnes – sous le chapeau général de la lutte contre le réchauffement climatique, le glyfosate, le nucléaire, la défense de la cause animale, est l’illustration de l’échec programmé de tout vrai progrès en matière d’écologie tant qu’on l’intitule « lutte contre le réchauffement climatique ». Si l’on veut éveiller un petit sens de la responsabilité il faut se concentrer sur des effets manifestement liés à l’activité humaine. Ces effets variés (empoisonnements chimiques, surproduction, surexploitation, gaspillages en tout genre) appellent chacun des mesures de correction spécifiques, dont les conséquences seront également négatives et qui doivent donc être pesées et éventuellement adaptées ou modulées. Ce sont des enjeux politiques délicats menaçant toujours, au nom d’une bonne intention, de paver un enfer policier. Tout est manifestement à faire, mais pitié, lâchons d’abord la menace climatique.

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