Le grain de sable

Un glissement de langue très malheureux mais illustratif

Le conseiller national Jonas Fricker démissionne à cause d’un glissement de langue extrêmement malheureux. La décision qu’il a prise relève de sa liberté et l’honore et il ne m’appartient pas de la commenter comme telle. En revanche, on ne peut s’empêcher de rapprocher son glissement de langue de l’excitation dont les journaux se sont faits les chantres ces derniers jours à propos de l’antispécisme. J’ignore la philosophie de M. Fricker, mais il est vrai qu’une comparaison telle que celle qu’il a faite entre les transports cruels d’animaux – inadmissibles – et ceux de personnes pendant la 2e guerre mondiale – un milliard de fois plus inadmissibles – pourrait illustrer une conséquence d’une forme d’antispécisme.

A partir du moment où l’on nie toute différence entre l’animal – attention, certains animaux, car il semble bien que cela ne concerne que les vertébrés – et l’être humain, on risque très vite d’assimiler réciproquement l’un à l’autre avec toutes les conséquences désastreuses que cela peut avoir.

Il est inadmissible de maltraiter volontairement un animal, mais s’il fallait, pour sauver un être humain, sacrifier un animal, personnellement, je n’hésiterais pas. Je m’efforcerais simplement de le faire de la manière la moins douloureuse possible.

Sous prétexte de lutter contre des excès ou des abus, notre époque joue avec le feu dans sa recherche quasi religieuse de gommer les catégories naturelles établies depuis des siècles.

On prétend supprimer les genres parce qu’il y a eu des abus dans la manière de traiter les femmes ; on entend gommer la différence fondamentale entre les humains et les animaux parce que certains humains maltraitent les animaux.

Toute négation de différence entraînera toujours d’autres abus, peut-être pires encore, car la nature humaine est imparfaite.

Le danger particulier de l’antispécisme c’est que les « égaux des animaux » ont toute puissance quand il s’agit d’imaginer les sentiments qu’ils prêtent à leurs égaux puisque ceux-ci ne parlent pas. Leur prêteront-ils une fois la capacité de pardonner ? Il y a là une vraie question de civilisation.

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