Contrairement à ce qu’on pense parfois, le suicide n’est pas une fatalité contre laquelle nous serions totalement impuissant.e.s. Au contraire, il est possible d’agir en amont et de se prémunir contre les pensées et d’éventuelles crises suicidaires, qui peuvent toucher chacun.e d’entre nous dans des périodes de vie difficiles.
Le suicide, rappelons-le, n’est jamais dû à une seule cause : c’est un phénomène complexe et multifactoriel. C’est pourquoi il est possible de le prévenir en agissant sur ses multiples causes.
Il existe en effet des “facteurs de protection” qui nous rendent moins vulnérables à une crise suicidaire. Certains sont liés à notre personnalité elle-même, d’autres à notre environnement. Bien sûr, nous ne pouvons pas agir sur chacun d’entre eux : certains sont indépendants de notre volonté. Nous ne sommes pas égaux dans ce que nous avons reçu dans notre enfance; nous ne choisissons pas notre condition socio-économique ou notre orientation sexuelle.
En revanche, nous pouvons veiller à ce que les enfants, adolescent.e.s et élèves autour de nous soient sensibilisé.e.s et activent ces petits leviers de protection face au suicide. Même à l’âge adulte, ce sont des outils que nous pouvons entretenir toute notre vie, puisqu’ils sont liés à une bonne santé mentale et physique et à une bienveillance générale – envers soi-même et envers les autres.
Selon la littérature scientifique, les facteurs de protection face au suicide se regroupent en plusieurs catégories différentes. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive.
Caractéristiques personnelles
- Un des plus importants facteurs de protection est une bonne estime de soi : le fait de se connaître et d’avoir confiance en soi, de se traiter avec indulgence et bienveillance, de se percevoir de façon positive;
- La capacité à demander de l’aide quand on en a besoin;
- La capacité à résoudre des problèmes et des conflits, à s’adapter aux différentes situations et à gérer son stress (on parle de stratégies de “coping”);
- La capacité de se faire des amis et de s’intégrer dans un groupe;
- Un bien-être psychologique et émotionnel général;
- Un sentiment de sécurité.
Comportements individuels
- Avoir une image positive de son corps; en prendre soin et le protéger;
- Participer fréquemment à des activités sportives;
- Faire des activités valorisantes.
Réseau social : la famille et les amis
- Bénéficier d’un soutien familial, entretenir des relations harmonieuses avec sa famille et son entourage;
- La stabilité et la disponibilité de son milieu familial;
- L’ouverture au dialogue et aux différences dans son cercle familial et amical;
- Avoir un réseau d’amis et un réseau social en général.
L’environnement : à l’école (pour les jeunes) et de façon générale
- Bénéficier d’un environnement scolaire sécurisant (spécialement pour les jeunes gays, lesbiennes, bisexuel.le.s et transgenres);
- Avoir des expériences scolaires positives;
- Avoir un accès facile aux structures de soin pour les troubles mentaux et physiques, et les addictions;
- Avoir un programme de prévention du suicide dans la communauté où on réside, avec des services cliniques efficaces;
- Avoir du soutien quand on cherche de l’aide.
L’environnement : au moment de la crise suicidaire
Au moment de la crise suicidaire, d’autres facteurs de protection entrent également en ligne de compte. Les méthodes de protection suivantes ont fait leurs preuves :
- Restreindre l’accès aux méthodes de suicide;
- Réduire l’accès à l’alcool (le risque de suicide augmente dans certains cas lorsque la personne est en état d’ébriété).
Et enfin… la parole
Une autre façon, enfin, de protéger nos jeunes face au suicide est tout simplement d’en parler. On a craint pendant longtemps que le simple fait d’aborder le sujet donne des idées noires aux adolescent.e.s déjà fragiles. Encore aujourd’hui, les politiques ou les directions d’établissements scolaires peuvent être sceptiques face à l’idée qu’une discussion sur le suicide ait lieu avec des élèves. Or les études montrent que tout dépend de la façon dont la discussion est amenée : dans un cadre rassurant et interactif, parler du suicide a un effet préventif chez les jeunes.
Depuis sa création, l’association Stop Suicide va à la rencontre des jeunes dans les endroits où ils se trouvent : les foyers, les maisons de quartier, les semestres de motivation, les écoles. Ensemble, ils discutent des moyens de se protéger face au risque suicidaire, notamment avec les questions suivantes :
Comment avoir de la bienveillance envers soi-même ?
Comment en avoir envers les autres ?
Quelles sont les activités qui me font du bien, qui me ressourcent ?
Où vais-je chercher de l’aide quand j’en ai besoin ?
Quels sont les signes qui indiquent que je vais mal ? Ou que quelqu’un de mon entourage va mal ?
Pour en savoir plus sur nos interventions auprès des jeunes
–> Si vous voulez plus d’informations sur nos ateliers : consultez notre page dédiée
–> Si vous voulez organiser un atelier dans votre établissement : contactez-nous
–> Si vous voulez voir à quoi ressemblent nos ateliers : lisez cet article de la Tribune de Genève ou visionnez le reportage d’Ensemble de la RTS ci-dessous :
Références
Dossier général d’information sur le suicide des jeunes : https://stopsuicide.ch/wp-content/uploads/2017/07/DOSSIER_INFO_SUICIDE_JEUNES_FINAL.pdf
Office fédéral de la santé publique (2005). « Le suicide et la prévention du suicide en Suisse, Rapport répondant au postulat Widmer (02.3251) »
Rapport de deux études européennes (Seyle et YAM) sur l’impact des interventions en milieu scolaire sur les élèves : https://stopsuicide.ch/wp-content/uploads/2017/07/160712_SEYLE_programme_YAM.pdf
https://www.preventionsuicide.be/fr/je-cherche-des-infos/facteurs-de-risque.html
Article écrit par Léonore Dupanloup.