Les non-dits de l'économie

Les banques centrales aggravent la situation

Les récentes décisions des principales banques centrales dans l’économie globale, censées lutter contre le fort renchérissement des prix à la consommation, sont en réalité susceptibles d’aggraver la situation macroéconomique et ce pour quatre motifs principaux.

Primo, la remontée des taux d’intérêt poussera à la hausse les coûts de production des entreprises ayant besoin de faire appel à des crédits bancaires pour financer leurs activités économiques, induisant alors une plus forte augmentation des prix de vente des produits de ces entreprises et par conséquent exacerbant d’autant plus le renchérissement qui d’ores et déjà pèse sur le budget des ménages. L’activité économique en sera réduite de manière considérable à moyen terme.

Secundo, l’augmentation des taux d’intérêt va décourager bien des entreprises à investir, étant donné qu’une partie de leurs projets d’investissement ne sera plus rentable en raison de ladite augmentation et des conséquences négatives qu’elle engendrera dans l’ensemble du système économique. On assistera dès lors à une diminution du niveau d’emploi (entendez une augmentation du taux de chômage) qui induira une pression à la baisse sur les salaires d’une part importante des travailleuses et des travailleurs au sein de l’économie nationale.

Tertio, la hausse des taux d’intérêt se traduira par une appréciation des taux de change des monnaies nationales concernées, selon les différentiels des taux d’intérêt entre les principales zones monétaires. En résultera une diminution du volume des produits exportés, qui pourrait se répercuter aussi négativement sur le niveau d’activité dans l’ensemble du système économique, augmentant alors davantage le taux de chômage.

Quarto, l’augmentation des taux d’intérêt va également impacter les finances publiques, d’abord en raison des multiples problèmes mentionnés ci-avant, mais aussi parce qu’une partie accrue des dépenses publiques devra en fait être consacrée au paiement des intérêts sur la dette publique dont le renouvellement comportera alors une majoration des taux d’intérêt. Cela aura pour conséquences une modération des dépenses publiques censées satisfaire les besoins de la population, en particulier des personnes les plus démunies et dont les intérêts ne sont pas aussi bien défendus au niveau politique que ceux des personnes (physiques ou morales) plus en vue sur le plan économique et financier.

La crise financière globale éclatée en 2008 avait conduit beaucoup d’acteurs économiques à se représenter les banques centrales comme des institutions omnipotentes. Les difficultés économiques actuelles devraient toutefois amener les parties prenantes à se rendre compte que les banques centrales, en l’état, sont plutôt une partie du problème au lieu de contribuer à mettre en œuvre les solutions appropriées permettant de dépasser ces difficultés, dans l’intérêt général et pour le bien commun.

Quitter la version mobile