Les non-dits de l'économie

Des crypto-monnaies privées ou des monnaies numériques de banque centrale?

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a probablement accéléré la transition vers l’utilisation de monnaies numériques, entendez des monnaies scripturales basées sur l’utilisation de la cryptographie, afin de préserver sa vie privée et son patrimoine de toute attaque éventuelle des autorités publiques ou d’extorqueurs de toutes sortes.

Il existe deux types de monnaies numériques qui sont en train d’être développées pour différentes raisons dans différents pays. D’une part, il y a ce qu’on appelle les crypto-monnaies, nées en dehors du système bancaire pour éviter les risques inflationnistes causés par l’émission excessive de monnaie par ce système. En effet, depuis l’éclatement de la crise financière globale en 2008, de nombreuses banques centrales ont considérablement augmenté la masse monétaire en raison de leurs «assouplissements monétaires», gonflant ainsi les prix des titres financiers. En outre, même avant cette crise, les banques commerciales et d’investissement en général ont accordé des lignes de crédit pour des montants bien supérieurs aux revenus générés par la production de biens et de services, provoquant ainsi des pressions inflationnistes sur les marchés financiers, qui ont alimenté la bulle de la dette privée éclatée en 2008.

D’autre part, en raison de cette crise financière globale et maintenant aussi des tensions géopolitiques accrues, un nombre croissant de banques centrales s’interrogent sur l’utilité d’émettre des monnaies numériques, grâce auxquelles elles peuvent atteindre divers objectifs de politique économique qui pourraient autrement rester des vœux pieux. Parmi ces objectifs, deux se distinguent: l’efficacité de la politique monétaire et le respect de la transparence fiscale. Dans les pays (comme la Suisse) où la banque centrale impose des taux d’intérêt négatifs, on pense qu’une monnaie numérique émise par la banque centrale peut augmenter considérablement l’efficacité de cette politique monétaire, car les personnes qui ont un compte à la banque centrale seront touchées par cette taxe sur les dépôts et pourront donc décider de dépenser un pourcentage plus élevé de leurs revenus sur le marché des produits, ce qui stimulera l’activité économique grâce à leur consommation accrue sur ce marché. Sur le plan fiscal, une monnaie numérique de banque centrale permettrait à l’autorité fiscale d’éviter la soustraction d’impôts de ceux qui, actuellement, n’indiquent pas tous leurs avoirs bancaires dans la déclaration fiscale qu’ils doivent soumettre à cette autorité.

Il s’agit donc d’une confrontation entre ceux qui veulent plus de liberté devant l’État (et qui soutiennent donc les crypto-monnaies) et ceux qui considèrent que l’État est un acteur important (et qui soutiennent donc l’émission de monnaies numériques de banque centrale). La question cruciale n’est pas nouvelle: faut-il plus d’État ou moins d’État?

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