Les non-dits de l'économie

L’économie suspendue au fil de l’hélicoptère monétaire

Le père du monétarisme, Milton Friedman, doit se retourner dans sa tombe car ses disciples assis dans les fauteuils des banques centrales continuent d’injecter, bien qu’avec des volumes considérablement décroissants, d’énormes quantités d’argent dans le système économique, se berçant d’illusions en pensant qu’ils relancent l’économie grâce à l’«hélicoptère monétaire», que Friedman considérait comme le principal facteur de l’inflation observée à la fin des «trente glorieuses» années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. 

Il ne fait aucun doute que la quantité de monnaie émise par le système bancaire (entendez par toutes les banques, et pas seulement par la banque centrale) depuis 2008 – c’est-à-dire depuis que la crise financière globale a éclaté – a provoqué d’importantes pressions inflationnistes, même si peu d’économistes les avaient remarquées avant les derniers mois de 2021. En fait, les augmentations des prix à la consommation observées dans plusieurs pays au cours des derniers mois peuvent être attribuées à l’interruption de la production et de la vente de biens et de services due à la pandémie de Covid-19, plutôt qu’aux politiques monétaires ultra-expansionnistes que les banques centrales poursuivent depuis 13 ans dans une vaine tentative de relancer l’activité économique en injectant continuellement des liquidités dans le secteur bancaire – dont très peu «coule» dans l’économie réelle.

Il est important de distinguer le bon grain de l’ivraie, à savoir, comprendre que les banques centrales sont responsables de la spirale inflationniste des prix des titres financiers ainsi que de la surchauffe des prix sur le marché immobilier (notamment en Suisse), car une grande partie des liquidités qu’elles ont émises au fil des ans a conduit de nombreuses banques à orienter leurs activités de spéculation et de prêt vers ces marchés. En réalité, les banques centrales ne sont aucunement responsables de la récente hausse des prix à la consommation, car ni l’augmentation de la demande ni, surtout, la réduction de l’offre de biens et de services ne peuvent être attribuées à l’intervention des autorités monétaires.

Cela rend problématique l’augmentation prévue des taux d’intérêt directeurs – entendez les taux d’intérêt sur le marché interbancaire – annoncée par la banque centrale américaine à la fin du mois passé, qui a déjà provoqué le chaos (et la panique pour de nombreux petits investisseurs) sur les marchés financiers de l’économie globale.

L’annonce de la Réserve fédérale selon laquelle une hausse des taux d’intérêt sera bientôt nécessaire pour réduire les pressions inflationnistes aux États-Unis est incorrecte, car les récentes augmentations des prix à la consommation ne sont pas le résultat des choix de politique monétaire. En fait, si ces taux venaient à augmenter en quelques mois, cela pourrait ralentir significativement l’activité économique aux États-Unis en raison d’une baisse des investissements productifs et des exportations américaines.

L’hélicoptère monétaire est désormais sans pilote et il convient d’attacher les ceintures de sécurité!

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