Les non-dits de l'économie

Il faut repenser le système fiscal après la pandémie

La pandémie de la Covid-19 entraine des changements structurels qui ne vont pas disparaître lorsque cette pandémie ne sera plus qu’un terrible souvenir.

Parmi les changements les plus évidents on trouve les habitudes d’achat et de travail à distance d’une partie désormais importante de la population, en Suisse comme ailleurs. Le travail à distance pousse les entreprises à accroître le degré de digitalisation de leurs activités, essayant de cette manière de réduire les coûts de production, en particulier la masse salariale et de là les charges sociales qu’elles doivent payer.

Si le commerce électronique comporte une baisse du niveau d’emploi en Suisse, en particulier pour les petits commerces de toute sorte, la digitalisation et la délocalisation à l’étranger de beaucoup de places de travail qui auparavant étaient en Suisse feront augmenter de manière dramatique le chômage dans ce pays, bien au-delà de ce qui apparaît dans les statistiques officielles.

L’État peut et doit jouer absolument son rôle afin d’éviter la paupérisation et la rebarbarisation de la société. En particulier, il faut repenser le système fiscal pour faire en sorte d’assurer le financement des politiques économiques (en premier lieu les assurances sociales), déplaçant la charge fiscale du travail vers le capital financier qui, en l’état, ne participe aucunement à ce financement. Le système fiscal contemporain, en effet, est dépassé par les événements, parce qu’il a été bâti après la Deuxième guerre mondiale, entendez à une période où le travail était diffusé à large échelle et au centre du capitalisme, tandis que les transactions à travers les marchés financiers n’étaient pas prépondérantes comme elles le sont devenues de manière croissante à partir des années 1980 jusqu’à présent.

Le prélèvement d’un micro-impôt sur le trafic des paiements sans espèces représente une clé de voûte à cet égard, remplaçant la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui pèse sur les dépenses de consommation et qui est antisociale dans la mesure où elle impacte davantage la classe moyenne que les personnes riches du fait que son barème est le même pour n’importe quelle catégorie de contribuables. Un tel micro-impôt sera perçu aussi sur les transactions financières, de manière à faire participer les acteurs sur les marchés financiers au financement des politiques économiques et sociales.

Contrairement à ce que ses détracteurs affirment, ce micro-impôt sera utile aussi à la grande majorité des entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises, pour au moins deux raisons. D’un côté, leur chiffre d’affaires va augmenter suite à l’augmentation de la capacité d’achat des consommateurs, qui ne paieront plus de TVA. De l’autre côté, ces entreprises ne devront plus supporter la lourde charge bureaucratique que le prélèvement de la TVA comporte.

Si la Suisse est le premier pays à introduire ce micro-impôt à la place de la TVA, elle en obtiendra un avantage compétitif de premier plan au niveau international. Elle pourra renforcer son propre système économique, accroissant aussi son degré de stabilité financière et contribuant ainsi au bien commun, y compris à la cohésion sociale (qui est en train de s’effriter en cette période de crises incessantes).

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