Les non-dits de l'économie

Si la santé est une marchandise, la pandémie est une affaire!

La Suisse a l’habitude de se placer aux premiers rangs des classements mondiaux au sujet de la soi-disant «compétitivité» de sa propre économie. Dans cette période de pandémie, la Confédération se situe toutefois aussi dans le peloton de tête en ce qui concerne le nombre de décès dus à la Covid-19 proportionnellement au nombre d’habitants. Cela n’est pas surprenant, vu qu’en Suisse, désormais, la santé des personnes est considérée comme une marchandise, tant sur le marché du travail que pour les cliniques privées et les caisses-maladie.

Dans le marché du travail, le personnel est considéré comme une «ressource humaine» – similaire à un citron – que l’on peut presser jusqu’au bout, pour ensuite s’en défaire sans problèmes. Depuis la fin du siècle passé, on a même observé qu’un nombre croissant d’entreprises versent à une grande partie de leurs propres collaboratrices et collaborateurs un salaire insuffisant pour vivre, transférant de cette manière à l’ensemble de la collectivité une partie des «coûts du travail» sous forme d’aide sociale.

La santé des personnes est aussi un facteur de gain pour les cliniques privées, les médecins et les assurances-maladie. Il est clair qu’aucun médecin ne souhaiterait que l’ensemble de la population soit sain, parce que dans un tel cas les cabinets médicaux seraient tous amenés à faire faillite à court terme. Or, dans le système sanitaire suisse, les cliniques privées qui visent la maximisation de leurs profits et les caisses-maladie qui poursuivent la même stratégie afin de verser des dividendes extravagants à leurs dirigeants et propriétaires ont désormais «marchandisé» la santé humaine à un niveau tellement élevé qui range la Suisse en tête de liste en ce qui concerne le pourcentage de décès de la Covid-19 par rapport au nombre de ses habitants.

L’évidence empirique de la deuxième vague de cette pandémie le montre de manière incontestable: la Confédération, de manière similaire à la plupart des Cantons suisses, a placé les intérêts économiques de court terme avant la santé des personnes les plus faibles. La décision de fermer seulement une petite partie des activités économiques en ce début d’année, pour ne pas trop affecter l’équilibre des finances publiques, a été prise afin de réduire au minimum indispensable les déficits publics, au détriment de la santé de l’ensemble de la population.

L’addition de cette posture du gouvernement suisse, toutefois, sera très élevée – même s’il reviendra aux prochaines générations de contribuables de la payer, à travers une plus lourde charge fiscale et une moindre qualité des services publics pour les classes sociales les plus démunies. Cela n’intéresse pas les politicien.ne.s qui siègent au gouvernement et dont la maxime a été bien résumée par le Roi de France Louis XV: «après moi, le déluge». Mais cela risque d’être un déluge universel qui mettra à mal l’ensemble de la population, y compris celles et ceux qui ont voté pour les politicien.ne.s élu.e.s.

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