Les non-dits de l'économie

La troisième vague va arriver et ce sera une catastrophe

Cette nouvelle année a commencé terriblement mal et sera peut-être pire que l’année qui vient de se terminer, tant sur le plan sanitaire qu’au niveau économique, en Suisse. La Covid-19 n’en est pas la seule responsable: davantage que le coronavirus, ce sont les choix privés et publics qui ont tiré vers le bas la société et l’économie dans leur ensemble.

Si les autorités fédérales ont fait face à la première vague de la pandémie (au printemps passé) de manière claire et déterminée, mettant la santé de la population devant à la fois les intérêts économiques et l’équilibre des finances publiques, afin d’éviter une augmentation exponentielle du nombre de personnes affectées par le coronavirus et celui des décès à cause de la pandémie, la deuxième vague – qui était bien prévisible déjà l’été passé – a été très mal gérée par le Conseil fédéral et par certaines autorités cantonales, qui ont donné la priorité aux intérêts économiques de court terme et à l’équilibre des finances publiques plutôt qu’à la protection de la santé de la population.

Cela n’est pas une nouveauté, mais le comportement des autorités politiques depuis l’été passé est exécrable et doit changer rapidement, parce qu’autrement la troisième vague – qui a déjà commencé – se traduira en un massacre tant sur le plan sanitaire qu’au niveau économique. Il y aura alors un nombre impressionnant de décès et de mises en faillite de petites ou moyennes entreprises, sauf dans le cas où celles-ci reçoivent des aides publiques importantes et à fonds perdu.

Cela fait mal de voir qu’un pays riche comme la Suisse – où les finances publiques ont des marges de manœuvre financière que les autres pays lui envient – ne fait pas ce qu’il devrait faire pour préserver la santé de ses propres habitants. En fin de compte, la posture actuelle des autorités gouvernementales, qui veulent éviter une forte augmentation des dépenses publiques, donnera lieu à des déficits publics bien plus élevés que ceux qui découleraient d’un deuxième confinement total des activités économiques qui ne sont pas indispensables durant la phase la plus aigüe de la deuxième vague de cette pandémie. Qui plus est, la Banque nationale suisse devrait soutenir les dépenses publiques en achetant les obligations de la Confédération sur le marché primaire, au vu également des rendements négatifs de celles-ci dont peuvent bénéficier les autorités fédérales.

Rien de tout cela n’aura lieu, parce que le mantra du «moins d’État et plus de marché» résiste aussi au plus virulent des virus. Peut-être que la Covid-19 est même considérée comme un événement bienvenu par la majorité au niveau politique, pour ses effets favorables à l’assainissement des caisses de l’AVS, vu le nombre élevé de personnes retraitées qui meurent à cause du coronavirus. Ce «darwinisme social» en dit long sur les acteurs qui dictent les choix politiques aux gouvernements et sur l’émasculation de la démocratie au sein de ce qu’on continue d’appeler une «économie sociale de marché», à une époque où celle-ci n’a plus rien de social sauf l’étiquette.

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