Les non-dits de l'économie

Où se trouve l’inflation?

Après plus d’une décennie de politiques monétaires ultra-expansives, qui soutiennent les acteurs sur les marchés financiers au détriment de la stabilité financière, il y a encore des économistes qui s’étonnent que l’inflation n’ait pas frappé le marché des biens et des services. L’indice des prix à la consommation – en Suisse comme dans les autres pays «avancés» sur le plan économique – affiche, en réalité, une certaine stabilité de ces prix depuis bien des années.

En fait, il est nécessaire de distinguer l’inflation de l’augmentation du niveau général des prix. L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie, qui souvent (mais pas toujours) peut induire une augmentation des prix sur le marché des produits. Or, si le progrès technique permet de réduire les coûts de production des entreprises, cette augmentation des prix à la consommation (engendrée par l’inflation) pourrait ne pas être visible dans la mesure où elle est compensée par la baisse des prix suite au dit progrès, sans affecter la marge bénéficiaire. De cette manière, il est possible que les prix à la consommation restent stables, malgré le fait qu’il existe une inflation dont l’origine reste à déterminer.

Cela est possible si et seulement si l’on suit une approche macroéconomique faisant abstraction du comportement des agents économiques, permettant ainsi de comprendre que l’inflation est le résultat d’une confusion entre monnaie et crédit dans la comptabilité bancaire: lorsqu’une banque ouvre une ligne de crédit à un agent économique quelconque, elle crée de la monnaie à partir du néant, qui s’ajoute alors à la «masse monétaire» préexistante, augmentant dès lors le volume des dépôts bancaires qui représentent le pouvoir d’achat dans l’ensemble de l’économie. Si à cette augmentation, toutefois, ne correspond aucune nouvelle production, un écart inflationniste apparaît dans la mesure où le produit national est dilué dans un nombre accru d’unités monétaires.

Il n’est toutefois pas surprenant que de nos jours cette inflation de la masse monétaire n’entraîne aucune augmentation des prix à la consommation. La réduction de la capacité d’achat de nombreuses catégories de travailleuses et de travailleurs, en effet, réduit les dépenses de consommation, qui donc ne font pas augmenter l’indice des prix que l’on continue d’utiliser pour mesurer l’inflation.

Pour comprendre s’il y a de l’inflation, de nos jours, il faut observer l’évolution des prix sur les marchés financiers et immobiliers. Sur ces marchés, il sera alors possible de noter clairement une forte pression inflationniste induite par les politiques monétaires que les principales banques centrales continuent de mettre en œuvre, sans aucune possibilité de relancer ainsi les activités économiques dont la population a vraiment besoin.

Les groupes d’intérêt sur les marchés financiers ont en effet capturé les autorités monétaires, qui ont voulu se plier aux intérêts de court terme des banques «trop grandes pour faire faillite», au détriment de l’ensemble du système économique à long terme.

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