Les non-dits de l'économie

La «deuxième vague» sera d’ordre économique

Plus de six mois se sont écoulés depuis que la pandémie du Covid-19 a induit la fermeture forcée de nombreuses activités économiques pendant 14 semaines en Suisse, suivies par un retour lent et graduel à une «nouvelle normalité» qui inquiète bien des personnes.

Cette situation, apparemment normale – abstraction faite de l’obligation (ignorée souvent et volontiers) du port du masque dans les espaces publics –, est en fait problématique aussi bien sur le plan individuel que sur le plan collectif.

La fin de l’été approchant, beaucoup de gens craignent une «deuxième vague» du coronavirus, en attendant un vaccin sûr et efficace, sans savoir encore qui en paiera les coûts pour la recherche et le développement au niveau pharmaceutique.

Ce qui devrait le plus inquiéter l’ensemble des parties prenantes (en premier lieu l’État et les entreprises de toutes sortes) ce sont les conséquences macroéconomiques de la pandémie. Les aides publiques qui, en l’état, ont été allouées n’ont certainement pas permis au système économique d’éviter de tomber dans une profonde récession, comme le prévoient pour les prochains mois désormais aussi les instituts de recherche les plus réputés (sans parler de l’année prochaine).

Seulement un fou ou un économiste de la pensée dominante peut en effet penser que le soutien public de l’offre sur le marché des produits est suffisant pour éviter une grande dépression similaire à celle qui a engendré une «décennie perdue» dans les années 1930 pour l’économie mondiale. En réalité, la décennie qui vient de commencer pourrait être caractérisée par une dépression encore pire, au vu de l’ampleur et de la profondeur des relations entre l’économie et la finance sur le plan global.

Sur ce plan, l’idéologie du «moins d’État et plus de marché» qui dicte les choix de politique économique dans la plupart des pays au monde a des effets négatifs redoutables. Ce sont en réalité les politiques économiques néo-libérales qui ont induit la pandémie du Covid-19 ainsi que la crise économique et sanitaire qui s’en est suivie suite à la globalisation. Ce ne sera donc pas en poursuivant cette idéologie que l’on pourra sortir de cette situation, même en supposant que le coronavirus disparaisse tôt ou tard.

Si les autorités politiques ne veulent pas être victime d’une crise sociale majeure, elles devront changer de route pour augmenter les dépenses publiques et soutenir de cette manière la demande sur le marché des produits – directement (par des investissements publics favorables à la société et à l’environnement) et indirectement (versant un revenu de base inconditionnel) – pour une somme bien plus élevée que celle mise à disposition des entreprises en Suisse jusqu’à présent.

Sans cette forte augmentation des dépenses publiques, la «deuxième vague» du Covid-19 comportera bien davantage de victimes que la première phase, non pas pour des raisons sanitaires mais à cause de la crise économique qui va s’aggraver prochainement, tant que les autorités politiques se laveront les mains avec le slogan de la responsabilité individuelle.

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