Les non-dits de l'économie

Le vaccin contre le coronavirus s’appelle eurobond

La crise économique globale éclatée suite à la pandémie du coronavirus ne pourra pas être résolue par l’«hélicoptère monétaire» des banques centrales. Ni l’augmentation des liquidités, ni la diminution des taux d’intérêt vont pouvoir aider les ménages et les entreprises à sortir de cette crise économique – qui frappe l’économie globale dans une période déjà difficile car le système économique souffre encore de la crise éclatée en 2008. Il n’est pas possible de relancer l’offre si l’on ignore la demande sur le marché des produits, comme le font les gouvernements et les banques centrales dans les pays occidentaux. Seule une forte augmentation des dépenses publiques sera en mesure de relancer et de soutenir les activités économiques à long terme.

Vu la situation exceptionnelle que la pandémie a engendrée, il faut une solution exceptionnelle aussi en ce qui concerne les dépenses publiques. Au-delà du montant exorbitant qui doit être dépensé par le secteur public, il faut aussi coordonner les mesures d’intervention aux différents niveaux de gouvernement.

Supposant que la phase aigüe de la pandémie dure six mois, les gouvernements des pays avancés sur le plan économique devraient augmenter les dépenses publiques d’un montant correspondant à un tiers du produit intérieur brut semestriel, si on fait l’hypothèse que la pandémie provoque une perte d’environ 30 pour cent des activités économiques. C’est la seule manière de pallier les conséquences négatives de la pandémie sur le plan économique, sans faire exploser le chômage avec les retombées négatives que cela comporte aussi bien pour l’économie que pour la société dans leur ensemble.

En Suisse, le gouvernement fédéral et les gouvernements cantonaux n’ont pas montré, jusqu’à présent, avoir saisi l’ampleur du problème, au vu des faibles montants qu’ils ont décidé d’allouer à la lutte contre les effets économiques du coronavirus. Les autorités politiques helvétiques continuent de penser, à tort, que l’État doit se limiter à soutenir l’offre de biens et services par des aides aux entreprises qui, au-delà des faibles montants alloués à cet effet, ne vont aucunement relancer les investissements, parce qu’elles n’agissent pas sur la demande sur le marché des produits.

Comme le faisait déjà remarquer Keynes dans les années 1930, aucune entreprise ne voudra jamais augmenter ses investissements productifs, si déjà elle a de la peine à écouler les produits qu’elle a mis en vente sur le marché. Il faut dès lors augmenter la demande de biens et services, si l’on veut soutenir et relancer l’offre sur le marché des produits.

L’Union européenne, sur ce plan, est justement en train de réfléchir sur la possibilité d’émettre des euro-obligations, permettant ainsi aux finances publiques d’obtenir le financement nécessaire pour mettre en œuvre une stratégie anti-crise coordonnée au niveau européen. La Suisse pourrait y participer si la Banque nationale achète ces euro-obligations, faisant aussi de la sorte affaiblir le taux de change du franc suisse. L’industrie d’exportation en serait soulagée et la cohésion nationale en sortirait renforcée.

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