Les non-dits de l'économie

Une grève pour le Keynésianisme

Les jeunes (et les moins jeunes) du Vieux continent sont en train de se mobiliser de plus en plus afin d’induire la classe politique et le régime économique à modifier radicalement leur propre trajectoire, pour faire en sorte de lutter contre les changements climatiques dommageables pour la vie sur notre planète. Plusieurs initiatives et manifestations ont déjà eu lieu à cet effet. Elles ont entre autres mené des jeunes à organiser des journées de «grève pour le climat» qui visent à sensibiliser l’ensemble des parties prenantes sur cette problématique d’ordre planétaire.

Quelque chose de semblable doit être fait rapidement pour lutter contre les dérives de notre système économique, qui sont nuisibles à l’ensemble de l’économie, de la société et de l’environnement. Il est désormais évident, en effet, que les problèmes environnementaux sont la conséquence des choix économiques privés ou du secteur public. L’échec du «libre marché» est une lapalissade à cet égard, même si bien des politicien.ne.s et des économistes dans le monde académique font semblant de ne pas le voir ou ferment les yeux car cela les arrange.

Pour l’ensemble de ces motifs, ce sont les jeunes (étudiant.e.s) qui peuvent faire changer le paradigme dominant sur le plan économique par une «grève pour le Keynésianisme» – comme cela vient d’être suggéré par un fameux professeur d’économie en Allemagne, où il a fonctionné aussi en tant que conseiller économique du gouvernement national entre 2004 et 2019. Une telle grève serait le moyen le plus percutant pour amener des changements importants dans les programmes d’études des facultés de «sciences économiques» des pays occidentaux, comme le demandent d’ailleurs les étudiant.e.s réuni.e.s dans l’association «Rethinking Economics» à travers le monde. Par ailleurs, on se souviendra qu’un nombre important d’étudiant.e.s à l’Université de Harvard ont quitté la salle durant un cours de macroéconomie de Gregory Mankiw lors du semestre d’automne 2011, en guise de protestation contre l’absence de pluralisme scientifique dans ce cours, fondamental pour comprendre les problèmes contemporains et proposer des solutions capables de résoudre vraiment ces problèmes dans l’intérêt général pour le bien commun.

Une «grève pour le Keynésianisme» devrait donc permettre, d’une part, de redécouvrir la pensée de J.M. Keynes – un économiste libéral qui considérait l’État comme un acteur important pour le fonctionnement ordonné de l’économie de marché – et, d’autre part, de redonner un caractère pluraliste et scientifique à l’enseignement de l’économie politique – une science humaine, sociale et morale, qui ne peut pas être assimilée à une science exacte (à l’instar de la physique et des mathématiques) comme le prétendent les économistes néolibéraux.

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