Les non-dits de l'économie

Trois réformes pour l’économie et la société

L’introduction d’un salaire minimum dans quelques cantons en Suisse – le dernier en date étant le Tessin – semble être la clé de voûte pour relancer une économie morose depuis (au moins) l’éclatement de la crise financière globale en 2008.

Or, les mesures nécessaires pour donner de l’élan à l’économie suisse sont beaucoup plus structurelles et systémiques que l’adoption d’un salaire minimum horaire.

Parmi ces mesures, celle qu’il serait possible d’adopter assez rapidement consiste à « travailler moins pour [faire] travailler tous » – comme cela fut déjà proposé dans les années 1930 par Luigi Einaudi, le fondateur de l’entreprise Fiat en Italie. Grâce au progrès technique et à la formation de ce qu’on appelle le « capital humain », il est tout à fait possible de réduire l’horaire hebdomadaire de travail, au bénéfice tant de la qualité de vie des travailleurs que de l’emploi des personnes qui, autrement, ne trouveraient aucun travail rémunéré. Cette mesure devrait être associée à des incitations (fiscales) pour faire de la formation continue dans le temps libre, qui bénéficierait ainsi à l’ensemble des parties prenantes dans le système économique.

Une deuxième mesure, qu’il serait possible d’introduire rapidement, revient à supprimer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), de manière à augmenter la capacité d’achat des consommateurs de la classe moyenne et de celle inférieure – aujourd’hui pénalisés par cet impôt indirect, qui est antisocial car il frappe davantage ces classes sociales par rapport à la classe supérieure (celle des personnes nanties, dont la propension à consommer est inférieure à celle du reste de la population par rapport au revenu disponible).

Une troisième mesure, à introduire à long terme, est celle d’un revenu de base inconditionnel, à verser à chaque résident en Suisse indépendamment de sa propre situation personnelle et financière. Ce revenu de base permettra de rémunérer le travail gratuit qui, actuellement, est fait surtout par les femmes et dont bénéficie l’ensemble de l’économie nationale. Il sera ainsi possible de simplifier le système des assurances sociales désormais en crise suite aux problèmes liés au vieillissement démographique et au marché du travail.

Certes, les mesures à prendre pour relancer l’économie et la société en ce début de XXI siècle sont de taille systémique et structurelle. La classe politique suisse doit faire ses propres devoirs, respectant le principe de subsidiarité au sein d’un système fédéraliste qui doit être (à nouveau) collaboratif au lieu d’être compétitif – comme c’est le cas depuis au moins un quart de siècle.

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