Les non-dits de l'économie

Politique monétaire et risques climatiques: que fait la BNS?

Durant l’apéritif traditionnel de fin d’année avec les acteurs financiers, le mois passé, l’un des membres de la Banque nationale suisse (BNS) a souligné justement que, pour accomplir son mandat, une banque centrale doit comprendre de quelle manière les risques climatiques influencent l’évolution de l’économie et des marchés financiers, affectant ainsi la stabilité des prix et la stabilité financière.

En effet, il y a plusieurs risques financiers liés aux changements climatiques que l’ensemble du système bancaire doit considérer correctement. Ces risques peuvent être divisés en deux catégories:

L’ensemble de ces risques ne peut pas être évalué avant que ceux-ci s’avèrent, même si les institutions financières prétendent le contraire, utilisant des modèles mathématiques qui ne peuvent pas représenter la complexité du fonctionnement (ordonné ou désordonné) du système économique dans son ensemble.

La prise de conscience de l’importance pour les banques centrales de considérer les risques liés aux changements climatiques est en train d’augmenter dans les économies occidentales. Même la BNS et l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) ont adhéré – au mois d’avril 2019 – au Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (NGFS).

Néanmoins, ce qui manque à la BNS, en l’état, c’est la volonté d’influencer le comportement des banques et des autres institutions financières à l’échelle nationale pour la transition vers un système économique favorable à l’environnement: lors de l’apéritif de fin d’année avec les acteurs de la place financière helvétique, la BNS a rappelé que sa stratégie de placement consiste à «rester neutre vis-à-vis du marché». En effet, dans la gestion de son propre portefeuille, la BNS ne fait que suivre les indices boursiers, évitant d’influencer l’évolution des marchés financiers par le biais de ses opérations d’achat et vente de titres, ignorant le fait que le portefeuille de la BNS est l’un des plus importants au monde. Si elle le voulait, en fait, la BNS pourrait vendre les titres des entreprises qui nuisent d’une manière ou d’une autre à l’environnement et pourrait acheter les titres des entreprises dont les activités sont favorables à l’environnement, induisant les banques et les institutions financières non-bancaires à en faire de même, au vu de l’évolution des prix (relatifs) en bourse.

À l’instar de son interventionnisme après l’éclatement de la crise financière globale, la BNS devrait se montrer aussi active et innovante par rapport à la crise climatique qui approche à grande vitesse.

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