Les non-dits de l'économie

Les banques centrales contribuent à l’instabilité financière

Onze années après la mise en faillite de Lehman Brothers (le 15 septembre 2008), la pensée dominante sur le plan académique continue à prétendre que la crise éclatée à cette époque-là n’a été qu’une conséquence malheureuse d’une série d’erreurs que bien des institutions financières ont faites, alors que l’on pouvait déjà savoir que les crédits «subprime» étaient problématiques pour l’ensemble du système financier.

Avec l’accord tacite des banques centrales – qui jusqu’au 15 septembre 2008 avaient fermé les yeux sur ce qui était en train de se passer dans la finance de marché, se contentant d’observer la stabilité des prix à la consommation (erronément assimilée à l’absence d’inflation) –, les institutions financières (surtout les banques «too big to fail») ont profité de plus en plus, durant quelque trente années, de la possibilité de jouer au «grand casino» de la finance globalisée, spéculant de manière déconsidérée sur une série d’instruments financiers toujours plus opaques, complexes et risqués.

Au-delà des autorités de surveillance des marchés financiers dont les yeux étaient aussi fermés par la croyance aveugle dans l’autorégulation des marchés, les banques centrales ont contribué à faire enfler des bulles du crédit au niveau global, prétendant que la politique monétaire ne doit pas avoir l’objectif d’assurer la stabilité financière (en plus de l’objectif d’assurer la stabilité des prix à la consommation).

Durant ces onze années, les banques centrales ont péjoré la situation, avec des interventions ultra-expansives qui ont eu pour effet principal (voire unique) l’augmentation de la richesse financière au sommet de la pyramide sociale. La presque totalité de la «liquidité» que les autorités monétaires ont émise dans le système bancaire a en effet ruisselé sur les marchés financiers, faisant augmenter de manière démesurée les prix des actifs financiers – sans aucun fondement dans l’économie «réelle».

La politique monétaire est trop importante pour être laissée aux mains des banquiers centraux. Or, la confier aux politicien.ne.s n’est pas une solution. Il faut mettre en œuvre une réforme monétaire-structurelle qui rétablisse l’ordre sur le plan macroéconomique.

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