Les non-dits de l'économie

Les statistiques du chômage sont un leurre redoutable

Les bons économistes savent qu’avec les données statistiques il est possible d’avaliser tout et son contraire, selon l’idée (ou l’idéologie) que l’on veut défendre par rapport à n’import quel problème d’ordre économique. L’exemple le plus éclatant est celui des statistiques du chômage. Il existe deux séries temporelles en ce qui concerne le nombre de chômeurs en Suisse. D’un côté, le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) considère le nombre de personnes au chômage qui sont inscrites auprès d’un office régional de placement afin de trouver une place de travail. Toutes les autres personnes qui cherchent du travail sont par conséquent ignorées par le Seco, même si ces personnes sont employables à très court terme. De l’autre côté, les statistiques du chômage publiées par l’Organisation internationale du travail (Oit) donnent une vision plus précise de ce phénomène, parce qu’elles considèrent toutes les personnes employables qui cherchent du travail.

Il n’est dès lors pas étonnant que le taux de chômage en Suisse calculé par le Seco soit toujours plus faible que celui calculé selon les données de l’Oit. Par exemple, en 2018, selon le Seco ce taux était de 2,8 pour cent, tandis que les données de l’Oit indiquent un taux de chômage de 4,9 pour cent. Au-delà de l’écart considérable entre ces données pour 2018, il est frappant de remarquer que, selon le Seco, le taux de chômage est diminué en Suisse ces trois dernières années, alors que les statistiques de l’Oit affichent une certaine stabilité de ce taux durant la même période.

Ce qui frappe encore plus est le fait que le Fonds monétaire international (Fmi) considère les données du Seco en ce qui concerne le taux de chômage en Suisse, alors qu’il considère les données de l’Oit pour le reste du monde. Cela est redoutable, vu l’influence du Fmi sur les choix de politique économique de ses pays membres (dont la Suisse).

À l’époque des «fake news», la population suisse pourrait mieux se porter si le Seco adoptait le critère de l’Oit pour mesurer le taux de chômage dans l’économie nationale. Sinon, les autorités politiques de ce pays vont continuer à croire que le chômage n’est pas un problème en Suisse.

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