Les non-dits de l'économie

Le travail précaire fait vieillir la population

Un rapport scientifique publié récemment en Irlande fait remarquer que les hommes et les femmes qui ont un travail précaire mènent une vie précaire car ils (elles) se privent de biens et services de première nécessité, comme la nourriture, le logement, la formation et les soins personnels. Les travaux précaires sont en effet peu rémunérés et ont un horizon temporel de court terme. Les personnes qui ont un travail précaire vivent ainsi une situation de fragilité financière et doivent faire très attention à combien elles dépensent chaque jour.

Il n’est pas nécessaire d’être un économiste pour comprendre que le travail précaire freine les dépenses de consommation et réduit dès lors le taux de croissance économique, diminuant en fin de compte aussi les profits de bien des entreprises ainsi que les ressources fiscales du secteur public. La qualité de vie individuelle et collective en pâtit, contribuant à engendrer de l’insécurité, des rancunes, de l’instabilité politique et des tensions sociales – comme on peut l’observer actuellement en Europe et ailleurs.

La qualité de vie des personnes ayant un travail précaire est évidemment inférieure au niveau de vie que ces personnes pourraient avoir si leurs conditions de travail étaient correctes, entendez suffisamment rémunérées et avec un contrat à durée indéterminée. Cette remarque a été faite par beaucoup d’économistes qui ont critiqué la pensée dominante durant les vingt dernières années. Ce dont personne ne parle concerne l’impact du travail précaire sur l’évolution démographique.

Une personne qui travaille de manière précaire hésitera longtemps avant de décider d’avoir des enfants, pour une raison financière évidente, et bien des familles de travailleurs précaires ne voudront pas avoir plus d’un enfant, parce que leur capacité d’achat ne leur permet pas d’avoir une descendance plus nombreuse.

Vu le nombre croissant de travailleurs précaires, surtout de genre féminin, il est facile de comprendre que cette précarité se trouve à l’origine du vieillissement de la population de nombreux pays européens. Le Vieux continent est en train de devenir un continent de vieux car les jeunes ont toujours plus de difficulté à trouver une place de travail correctement rémunérée et avec un contrat les rassurant sur la possibilité financière d’avoir des enfants et de s’en occuper de manière adéquate pour bien des années.

La politique économique pourrait facilement contribuer à rétablir la forme originale de la pyramide démographique dont la base élargie permettrait également de financer les assurances sociales qui se basent sur le principe de la répartition (comme l’AVS), sans peser sur les dépenses de consommation ou spéculer sur les marchés financiers (comme le font désormais les caisses de pension) pour chercher des rendements aussi bien volatils qu’éphémères.

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