Les années 1990 coiffent une période cruciale pour comprendre la trajectoire que l’économie globale a suivie jusqu’à présent. Dans cette période historique, les processus de libéralisation, dérèglementation et globalisation de l’économie et de la finance devinrent prépondérants dans le monde entier. On imposa ainsi à la population mondiale un régime de croissance économique basée sur la finance de marché, au lieu de la production de biens et services, en tant que source de profits pour les entreprises. Si ces profits étaient investis pour produire et augmenter le niveau d’emploi, il n’y aurait rien de mal – pour autant que l’on respecte les droits environnementaux et qu’il y ait des conditions de travail absolument correctes, entendez des rémunérations et des horaires de travail permettant à tout un chacun de vivre dignement. Si, par contre, comme cela est le cas de manière assez générale, les profits sont placés sur les marchés financiers afin d’y gagner des rendements dépassant le taux de croissance économique, alors le système capitaliste est voué à la crise; une crise de surproduction induite par la financiarisation de l’économie dans son ensemble.
Cette crise est aggravée par le fait que la pensée néo-libérale qui en est à l’origine oblige l’État à l’équilibre des finances publiques indépendamment de la situation conjoncturelle. Cette pensée, qui dicte les choix publics dans la plupart des pays, empêche d’utiliser les dépenses publiques de manière anticyclique, évitant que l’État s’endette car cela pourrait l’amener à relever la charge fiscale sur les très hauts revenus et les très grosses fortunes, censés contribuer au bien commun soutenant les personnes les plus démunies au sein de la société. Les années 1990 furent en effet les années durant lesquelles l’État social a commencé à être attaqué par la droite, qui imprima un virage à 180 degrés au secteur public, afin de favoriser les personnes très nanties et les grandes entreprises transnationales. Le slogan qui voulait «moins d’État et plus de marché» fut suivi par l’appropriation de l’État par les pouvoirs forts de l’économie et de la finance, en défense de leurs propres intérêts de court terme.
La crise financière globale éclatée en 2008 marque l’aboutissement et la fin de ce régime de croissance économique. Afin de résorber la production qui ne peut pas être vendue sur le marché, étant donné que l’apport du secteur public a été émasculé en ce qui concerne son soutien à la demande globale, les institutions financières ont enflé une énorme bulle du crédit privé dont l’éclatement a ravagé le système économique dans son ensemble, provoquant des dégâts et des souffrances énormes à long terme.
Une réflexion profonde sur ces problématiques est nécessaire afin de sortir de la crise et mettre sur pied un système économique digne du XXIème siècle.