Les non-dits de l'économie

Neuf années de crise ne suffisent pas

Neuf années se sont déjà écoulées après la mise en faillite de Lehman Brothers aux Etats-Unis, qui a marqué le début de la crise financière globale, éclatée une année après la crise des subprime (dont le dixième anniversaire vient d’être remarqué). De même qu’avec la crise de la zone euro (éclatée vers la fin 2009), rien n’a vraiment changé dans le système économique contemporain pour faire en sorte que l’économie assume le rôle qui lui revient naturellement, à savoir, satisfaire les besoins humains contribuant au bien commun.

Les banques et les institutions financières non-bancaires continuent à tenir le couteau par le manche dans l’économie globale, dictant en même temps l’agenda politique de nombreux gouvernements – comme il est désormais évident aux Etats-Unis sous la présidence Trump. Les modifications de la réglementation financière nationale et internationale ont été très timides et surtout sont inefficaces pour éviter la prochaine crise systémique du capitalisme financier globalisé. Ce ne sera donc pas uniquement la déréglementation que Trump prône de manière irresponsable qui favorisera l’émergence d’une autre crise de cette nature, mais aussi et surtout l’absence de toute volonté politique et des autorités de régulation pour mettre des limites – de caractère structurel et pas simplement comportemental – au pouvoir exorbitant de la finance globalisée.

L’hypocrisie et l’ignorance des politiciens et des banquiers centraux continuent à laisser croire au monde entier que les soi-disant politiques monétaires «non-conventionnelles» et celles de «consolidation budgétaire» du secteur public vont aboutir à des résultats positifs à long terme. Cet horizon temporel reste tellement éloigné qu’il fait rappeler à un nombre croissant de personnes l’avertissement lancé par Keynes, indiquant qu’à long terme nous seront tous morts. Si les sacrifices consentis et les souffrances endurées par le 90% de la population touchée par la crise étaient au moins utiles pour faire repartir l’économie, on pourrait encore croire qu’à long terme les bienfaits des politiques économiques actuelles l’emportent sur les coûts sociaux que celles-ci provoquent. Or, la réalité est bien différente de la fiction parascientifique véhiculée par la classe politique avec le soutien intéressé de très nombreux économistes de la pensée dominante. La crise va en fait laisser beaucoup de traces malheureuses à long terme, en ce qui concerne aussi bien la situation économique de la plupart des ménages que la stabilité politique des deux côtés de l’Atlantique.

Il n’y a pas besoin d’être un politologue pour comprendre que les dérives populistes dans différents pays du monde (dont les Etats-Unis évidemment) sont le premier résultat concret de la rebarbarisation séculaire qu’il devient de plus en plus évident d’observer au sein de la société contemporaine. Comme déjà Keynes le remarqua de son temps, les idées des économistes, soient-elles justes ou fausses, façonnent le monde entier. Il faut en être bien conscient et agir de manière conséquente au niveau individuel et collectif. Il en va de notre propre sort et de celui de notre planète.

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