Les non-dits de l'économie

La RIE III est un piège

La troisième réforme de l’imposition des entreprises en Suisse (RIE III) est un piège. À l’heure où le monde entier est dans une incertitude qui n’a jamais été aussi grande en ce qui concerne l’économie globale, les entreprises étrangères ne vont sans doute pas quitter la Suisse en cas de relèvement des barèmes d’impôt sur leurs bénéfices. Les conditions cadres helvétiques, malgré le franc fort, leur sont toujours favorables. Il ne faut donc pas craindre des délocalisations ni des pertes d’emploi, si la RIE III venait à être rejetée par le peuple suisse, appelé à s’exprimer sur ce sujet lors de la votation populaire du 12 février 2017.

En fait, les craintes doivent porter sur les conséquences négatives de la mise en œuvre de la RIE III, qui entraînera une forte diminution des recettes fiscales pour les cantons et les communes, qui devront alors couper dans leurs propres dépenses, au détriment surtout de la classe moyenne – entendez, dès lors, au détriment des entreprises tournées vers le marché domestique. Les délocalisations et les pertes d’emploi, notamment en Suisse romande et au Tessin, seront alors nombreuses et pourraient ébranler ce qui reste de la cohésion nationale, déjà mise à mal par la marchandisation des services publics et vingt années de fédéralisme concurrentiel inspiré par la pensée néolibérale à l’origine de la première crise systémique du régime de la financiarisation des activités économiques.

La RIE III est insoutenable sur le plan économique et contraire au bien commun. Ne pas le reconnaître relève de la cupidité ou de la stupidité, deux défauts qu’un pays soi-disant «avancé» ne peut pas se permettre d’afficher à l’aube du troisième millénaire – ne serait-ce que pour éviter d’affaiblir sa «compétitivité» dans l’économie globale.

Quitter la version mobile